Lancée en Bretagne, l’expérimentation OSyS est proposée par 110 pharmacies d'Occitanie, du Centre-Val de Loire et de Corse depuis le 1er janvier 2024. Dans ce cadre, les officinaux participants prennent en charge six pathologies courantes dont les cystites et les maux de gorge, avec la possibilité de prescrire des antibiotiques en cas de TROD positif. Une évolution que n’acceptent pas certains médecins, qui remettent en cause les compétences des officinaux.
Dans un article publié par « Le Quotidien du médecin » , médecins et pharmaciens corses font le bilan de l’expérimentation OSyS. Depuis le début de l’année, trente officines de l’Ile de Beauté prennent en charge des « plaies simples, brûlures de premier degré, piqûres de tiques, conjonctivites, cystites ainsi que les maux de gorge », après avoir suivi une formation. Un dispositif conçu par Pharma Système Qualité et pensé pour libérer du temps aux médecins tout en améliorant l’accès aux soins pour les patients. OSyS a fait ses preuves en Bretagne, à tel point que le ministère de la Santé et le comité technique d'évaluation de l'innovation en santé avaient permis à de nouvelles régions de la proposer.
Sur le terrain, les relations entre les médecins et les pharmaciens qui participent à OSyS sont souvent bonnes. Néanmoins, voir les officinaux prendre en charge des affections jusqu’alors réservées à la médecine générale bouscule les habitudes et crispe toujours autant certains praticiens. C’est notamment le cas du Dr Matthieu Piazza, généraliste à Sainte-Lucie de Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), qui ne s’est pas privé de dire tout le mal qu’il pensait du travail effectué par certains pharmaciens dans les colonnes du « Quotidien du médecin », Pour lui, c’est surtout la prise en charge de la cystite en officine qui pose problème. « Ils vont se planter une fois sur deux en prescrivant du Monuril, sauf que, dans de nombreux cas, cet antibiotique ne fonctionne pas et, ça, on peut uniquement le savoir si un dépistage par bandelette urinaire a été réalisé. Malheureusement, les pharmaciens ne le savent pas et n’y ont presque jamais recours… », affirme le Dr Piazza. Pour ce dernier, les pharmaciens ne sont tout simplement pas compétents pour prescrire des antibiotiques. « Ils ne savent pas faire tout simplement car ça ne rentre pas dans leur champ de compétences », s’insurge-t-il. Selon le Dr Piazza, nombre de ses confrères partagent son avis. « Les quelques retours de médecins que j’ai eus sont très négatifs. Il y a beaucoup de bêtises qui sont faites ; de mauvaises prescriptions ou des prescriptions abusives », dénonce-t-il. Contrairement à certains praticiens, les patients corses semblent, eux, plutôt satisfaits par les nouvelles possibilités offertes aux officinaux grâce à OSyS. « Pour le moment, les résultats sont encourageants car les retours patients sont positifs », assure en effet Pierre Albano, coordinateur du projet et pharmacien à Calenzana.
Si cette nouvelle compétence confiée aux pharmaciens ne plaît pas à certains médecins, ces derniers devront pourtant s’y faire. La délivrance sans ordonnance, autrement dit la prescription, d’antibiotiques contre la cystite ou l’angine après un TROD positif par le pharmacien a été publiée au « Journal officiel » et entérinée dans l’avenant à la convention pharmaceutique. Elle peut désormais être proposée par tous les officinaux, à condition d’avoir suivi une formation spécifique obligatoire. À noter que « les pharmaciens impliqués dans l’expérimentation OSyS ou ceux des CPTS ayant participé à la dispensation protocolisée gardent le bénéfice de la formation qu'ils ont suivie », précise Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. En revanche, les protocoles qui étaient appliqués pour la cystite ou l'angine dans le cadre de ces expérimentations sont désormais remplacés parce que prévoit le droit commun », ajoute-t-il.
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