Le Quotidien du pharmacien.- La France risque-t-elle d’affronter une triple épidémie grippe-Covid-bronchiolite cet hiver ?
Christine Rouzioux.- Triple, peut-être, pas car en général, la bronchiolite diminue au fur et à mesure que la grippe apparaît. De plus, sa cible n’est pas la même : elle touche surtout les enfants et peu les adultes, sauf les immunodéprimés. En revanche, le risque épidémique grippe-Covid est bien réel. Une double épidémie qui, malheureusement, sera sans doute présente pour les fêtes de fin d’année.
Quid de la vaccination ? Comment expliquer ce retard vaccinal contre le Covid et la grippe ?
Nous avons de la chance. Les épidémies arrivent et on a des vaccins qui correspondent aux souches circulantes : avec les vaccins contre le Covid adaptés à Omicron BA.4 et BA.5, et des vaccins tétravalents contre la grippe. Malheureusement, les taux de vaccination restent faibles. Peut-être parce que les épisodes de froid et l’épidémie grippe n’ont pas encore vraiment démarré, ce qui n’incite pas les citoyens à se faire vacciner. Sans doute aussi par lassitude, avec les vagues successives de Covid.
Pourtant, il faut insister sur le fait que la vaccination des personnes à risque, notamment des plus de 60 ans et le personnel soignant, est indispensable contre le Covid et contre la grippe. Et sûrement même, pour le Covid, elle est indispensable avant 60 ans : la Haute Autorité de santé (HAS) est en train de revoir ses recommandations à ce sujet.
La double vaccination est primordiale, d’autant que ces infections peuvent survenir l’une après l’autre, chez un même sujet. Le généraliste devrait fortement inciter la patientèle concernée à les réaliser. Et le pharmacien joue un rôle extrêmement important, car il est en charge de déployer ces campagnes vaccinales, dans un contexte d’absence de vaccinodromes.
Pour se protéger, faut-il également revenir aux gestes barrière, et notamment au port du masque ?
Je suis favorable à ce que le port du masque soit recommandé chez toute personne présentant des symptômes d’infection respiratoire, que ce soit un syndrome pseudo-grippal, une grippe, le Covid. En pharmacie, je suis également favorable au port du masque par l’équipe officinale comme par les patients, sachant que des personnes malades sont plus susceptibles de se rendre à l’officine pour venir chercher des traitements. Enfin, la double circulation des virus grippaux et du SARS-CoV-2 pose la question de revenir à une obligation du port du masque dans les transports en commun et dans les lieux clos. N’oublions pas que ces virus se transmettent par voie respiratoire et via les aérosols, et que le port du masque a un effet protecteur réel.
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