Selon l’Académie nationale de médecine, la crainte des effets indésirables liés aux médicaments de la goutte conduit à une sous-prescription. Sans compter la mauvaise adhésion des patients au traitement. Conséquences : les crises de goutte persistent, d’où un rappel des recommandations de prescription.
L’existence d’effets indésirables graves avec certains médicaments semble parfois paralyser le corps médical, qui en devient contre-productif. Pour l’Académie nationale de médecine, la persistance des crises de goutte, fréquente, résulte d’un traitement mal conduit lié entre autres « à une prescription insuffisante, notamment en rapport avec la crainte d’accidents cutanés graves liés à l’allopurinol ». Or ces effets indésirables sont « rares et largement prévenus par une introduction posologique progressive », rappellent les académiciens. Selon l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM), l’allopurinol est connu pour être la première cause de toxidermies bulleuses graves en Europe et l’un des principaux médicaments responsables de syndrome de DRESS (drug rash with eosinophilia and systemic symptoms ou syndromes d’hypersensibilité médicamenteuse). Un risque qui a été ajouté dans le RCP il y a une dizaine d’années.
Autre facteur qui explique la persistance des crises de goutte : le faible suivi du traitement par le patient lui-même, « la goutte étant la maladie chronique dans laquelle l’adhésion au traitement est la plus faible », constate l’Académie de médecine.
Première recommandation de l’Académie, la mise en place du traitement hypo-uricémiant s’effectue dès le diagnostic certain et doit être bien conduit. À savoir prescrire de faibles doses de colchicine, elle aussi sous le coup de nombreux rappels de posologie en raison d’un nombre important d’intoxications (0,5 à 1 mg/j pendant les 3 à 6 premiers mois), et l’allopurinol introduit progressivement et augmenté par paliers (50-100 mg toutes les 2 à 4 semaines jusqu’à l’objectif d’uricémie) selon le niveau de la fonction rénale. L’allopurinol peut être débuté pendant la crise de goutte. Pour mémoire, la survenue d’une éruption cutanée ou d’autres signes d’hypersensibilité (atteinte des muqueuses oculaire, buccale ou génitale, fièvre, adénopathies, érosion cutanée) nécessite l’arrêt immédiat de l’allopurinol avant même une consultation médicale. Un avis médical doit être pris rapidement. La diarrhée est le premier symptôme d’intoxication à la colchicine, et doit faire diminuer voire arrêter le traitement.
L’Académie de médecine recommande aussi une surveillance de l’uricémie cible (en dessous de 50 mg/L ou 300 mmol/L) pour adapter la posologie, des conseils hygiénodiététiques (limitation des aliments riches en purines, limitation de la consommation d’alcool) et la mise en place d’un programme d’information et d’éducation thérapeutique du patient.
La goutte touche plus de 500 000 adultes en France, essentiellement des hommes.
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