C’était l’une des craintes des pharmaciens et des génériqueurs avec l’entrée en vigueur au 1er janvier dernier de l’article 66 de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2019, instituant notamment le remboursement du princeps sur la base du prix générique en cas de refus non justifié de la substitution. Une trentaine de princeps ont aligné leur prix sur le générique depuis le début de l’année, éliminant tout reste à charge pour le patient et mettant à mal l’intérêt économique du générique.
Pourtant, selon les données du GERS pour les cinq premiers mois de l’année, ces pratiques n’ont pas eu pour effet de réduire le taux de pénétration des génériques. Au contraire, une autre mesure de l’article 66 qui restreint l’utilisation de la mention « non substituable » (NS) par le prescripteur et l’oblige à se justifier a permis d’améliorer la pénétration générique de trois points en moyenne chaque mois depuis le début de l’année. Ainsi, alors que le taux de pénétration oscillait entre 80,7 % et 80,9 % entre 2017 et 2019, il est compris entre 83,7 % et 85,3 % entre janvier et mai 2020. Un focus sur les molécules à marge thérapeutique étroite – qui peuvent justifier d’une mention NS et sont plus difficiles à substituer – confirme là aussi une amélioration du taux de pénétration sur les 5 premiers mois de l’année : 29,2 % en janvier (+4 points), 27,3 % en février (+2 points), 27,3 % en mars (+1,2 point), 28,7 % en avril (+2,3 points) et 28,3 % en mai (+1,9 point).
Pour en avoir le cœur net, le GERS a proposé un zoom sur quatre spécialités ayant fait l’objet d’un alignement de prix du princeps sur celui du générique. Ainsi, Amlor 10 mg en gélules (amlodipine), dont l’alignement de prix a été décidé à la mi-janvier, occupait en décembre 5,4 % de parts de marché dans son répertoire. Une part qui est tombée à 4,7 % en janvier et en février, à 3,5 % en mars, 3,2 % en avril et 3,9 % en mai. De même Diamicron 60 mg en comprimés sécables à libération modifiée (gliclazide), qui représentait entre 14 et 17 % de son répertoire en 2019, a chuté à 8 % en janvier et février et à 7 % en mars, avril et mai. Seul Effexor 75 mg en gélules à libération prolongée (venlafaxine), y a peut-être modérément gagné. Les parts de marché de l’antidépresseur courant 2019 oscillaient entre 8,2 % et 9,9 %. En janvier, avec l’entrée en vigueur de l’encadrement de la mention NS, cette part a diminué à 3,4. Après décision d’alignement de prix du princeps à la mi-janvier, le GERS constate qu’Effexor se stabilise entre 4 et 4,2 % de parts de marché les mois suivants.
Pour Patrick Oscar, délégué général du GIE GERS, « l’article 66 bénéficie à tous les génériques, quel que soit le type de produit et quelle que soit la stratégie adoptée par les laboratoires ». Une affirmation qui devra être vérifiée sur l’ensemble de l’année, alors que les pharmaciens voient arriver seulement maintenant les ordonnances de chroniques pour 2020 et l’apparition de mentions des prescripteurs précisant que le princeps doit être délivré au patient puisqu’il est au même prix que le générique, et que le patient doit bénéficier du tiers payant.
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