1- Comprendre ce qu’est une CPTS
Dans cet acronyme, tous les mots sont importants : communauté professionnelle territoriale de santé. C’est donc l’association de professionnels de santé sur un territoire défini. « Il ne faut pas dire qu’on est le pharmacien d’une CPTS ; au contraire, tous les pharmaciens du territoire désigné peuvent et doivent entrer dans la CPTS », souligne Sophie Sergent*. La CPTS a pour objectif de répondre aux besoins - sanitaires, sociaux et médico-sociaux - d’une population sur un territoire. Si elle est aussi un moyen pour les acteurs d’un territoire de se rencontrer et d’apprendre à travailler ensemble pour, à terme, « améliorer l’efficience du parcours de soins et la prise en charge du patient », Sophie Sergent insiste sur ce que n’est pas une CPTS. « Son objectif n’est pas de régler les problèmes d’une profession, on n’y adhère pas pour résoudre des soucis de garde ou de concurrence mais pour apporter son dynamisme au service de la collectivité et mieux travailler ensemble dans l’organisation des soins. »
2- Prendre l’initiative
Tout professionnel de santé peut être à l’origine d’une CPTS, mais il y a une certaine logique à ce que les pharmaciens soient force de proposition. « Les pharmaciens voient 100 % de la population. Il est évident que pour toute question de santé, de par son accessibilité et sa proximité, on entre chez le pharmacien qui oriente au besoin vers un professionnel ou une structure. Il traite des ordonnances qui viennent aussi bien d’un hôpital que d’un cabinet médical, d’un centre de santé, d’un infirmier, d’un kinésithérapeute… il a donc une vision globale des besoins du territoire. Sa répartition démo-géographique est aussi un avantage pour identifier le parcours patient », affirme Sophie Sergent.
3- Définir le territoire
Ce qui donne tout son sens à une CPTS est son territoire, à la différence d’une équipe de soins primaires (ESP) qui traite de la patientèle. Il n’y a pas de règle pour le définir car les situations ne sont pas comparables dans les différentes régions françaises. Les négociations conventionnelles en cours avec l’assurance-maladie ont permis de définir trois tailles de territoire - jusqu’à 30 000 habitants, entre 30 000 et 80 000 habitants et supérieur à 80 000 habitants - dont dépendra en partie la rémunération. « Il faut prendre une carte et penser à inclure tel village parce que s’y trouve l’EHPAD où vont nos patients, telle ville parce qu’il y a un centre de radiologie, il faut penser à tous les offreurs de santé et il faut aller à leur rencontre », ajoute Sophie Sergent.
4- Motiver les troupes
Des réunions invitant tous les professionnels du secteur peuvent être un bon déclencheur et permettent aussi d’expliquer le but de la CPTS. Une fois qu’une équipe de fidèles motivés par le projet est constituée, il est possible de créer officiellement la CPTS, par exemple en déposant les statuts d’une association loi 1901 en préfecture. D’autres réunions devront être proposées pour présenter la nouvelle CPTS et recruter toutes les bonnes volontés. Si un leader se détache, c’est un plus indéniable pour porter le projet. « Je conseille aussi à chacun de laisser les problèmes personnels de côté, d’oublier les querelles qui peuvent exister entre professionnels de santé pour aller vers l’intérêt général », souligne Sophie Sergent.
5- Construire le projet de santé
Une fois que la CPTS est créée officiellement et que son bureau est validé, il faut définir le projet de santé, ce qui représente le travail le plus long à accomplir. Mais avant de se lancer, Sophie Sergent recommande vivement de lire attentivement deux documents essentiels : le diagnostic territorial de santé et le programme régional de santé. « Le premier livre les besoins identifiés du territoire et le second les orientations choisies par l’agence régionale de santé (ARS). Cela permet de créer un projet de santé en adéquation avec les objectifs fixés par la région comme par le ministère de la Santé, d’autant que ce projet de santé de la CPTS doit être validé par l’ARS avant de pouvoir passer un contrat tripartite entre la CPTS, l’ARS et l’assurance-maladie. C’est ce contrat qui permettra le déblocage des fonds », rappelle Sophie Sergent. Dans tous les cas, les Unions régionales de professionnels de santé (URPS), tout comme les syndicats départementaux, peuvent accompagner les porteurs de projet, tandis qu’un référent ARS est dépêché pour accompagner les évolutions.
6- Se lancer maintenant
« Si j’ai un conseil à donner à mes confrères c’est : allez-y ! Ne vous démotivez pas, même s’il n’est pas facile de mobiliser, et assurez-vous d’avoir une petite équipe - si possible pluridisciplinaire - qui vous soutient. Enfin, tournez-vous vers les élus, les mairies, qui vous soutiendront ne serait-ce qu’en mettant à disposition une salle pour les réunions, un vidéoprojecteur, des moyens matériels simples mais indispensables », ajoute Sophie Sergent. Les négociations conventionnelles sont en train de poser un cadre défini définissant la mise en place des CPTS, avec des missions socles et complémentaires. Le temps de création et de mise en route est long, il est donc opportun de ne pas attendre la fin des négociations pour se lancer dans le projet.
* Pharmacienne installée dans les Hauts-de-France, Sophie Sergent a créé la CPTS Liévin-Pays d'Artois en avril 2018.
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