* Chirurgien mais aussi grand voyageur et écrivain (« la Maison sur la Loes », sur le Timor oriental, a été primé en Pologne), Mateusz Janiszewski relate son voyage sur les traces de l’épopée légendaire de « l’Endurance » (1914-1917), menée par le grand explorateur Ernest Shackleton en Antarctique. Parti de Buenos Aires et après avoir traversé la Patagonie – « un océan de platitude » –, il embarque à Ushuaïa à bord d’un voilier pour atteindre, en bravant les vents glacés de l’océan Austral, l’île du Roi-George. « Un arc de grand cercle » est un reportage littéraire empreint de poésie et de réflexion philosophique mais aussi un voyage intérieur dans lequel l’auteur révèle ses faiblesses autant que ses enthousiasmes. (Noir sur Blanc, 177 p., 18,50 €)
* C’est en Tasmanie, où il est né en 1961, que Richard Flanagan (« le Livre de Gould », « la Route étroite vers le Nord lointain », Man Booker Prize 2014) situe « Dans la mer vivante des rêves éveillés ». Tandis qu’à l’extérieur d’un hôpital les incendies font rage, une fratrie décide de maintenir en vie la mère, contre son désir et l’avis des médecins. Mais bientôt la fille s’aperçoit que des parties de son corps disparaissent, sans qu’elle en ressente de douleur et sans que personne ne le remarque. Méditation globale sur la vie et la mort, sur l’agonie d’une mère et la sixième extinction de masse, que l’on regarde sans réagir, le livre est placé sous le signe des disparitions. Jusque parfois dans la ponctuation. (Actes Sud, 282 p., 22,50 €)
* Après trois romans primés, Michel Moutot, reporter à l'AFP, lauréat du prix Albert-Londres en 1999, romance la construction, au début du XXe siècle, de la mythique « Route One », qui serpente de la Californie du Sud aux confins du Canada. Le jeune ingénieur a dû se battre contre la topographie et surtout contre le dernier grand propriétaire terrien de Big Sur, un mormon polygame qui s’appuie sur la mafia pour préserver ses secrets. Parabole de la fin d’un monde, l’ouvrage nous emporte à travers les destins des personnages présentés à des temps différents et qui transforment l’aventure en épopée sentimentale et humaine. (Seuil, 315 p., 20 €)
* La parole est aux voyageurs. Nedim Gürsel, romancier et essayiste reconnu en Turquie comme en France, directeur de recherches au CNRS, propose, dans « Voyage en Iran. En attendant l’imam caché », un long périple centré sur les capitales et les lieux saints, riche d’échos divers. Au-delà d’un portrait géographique et humain, il jalonne son livre de références littéraires et conte la légende chiite de l’imam caché. (Actes Sud, 165 p., 21 €)
* « Si haute soit la montagne », du réalisateur et producteur Louis Meunier (« les Cavaliers afghans »), nous conduit des monts irakiens aux confins de l’Afghanistan, des lignes de crête du Pamir aux versants de l’Himalaya, dans des nouvelles où la brutalité des existences répond à la beauté sauvage des paysages. (Calmann-Lévy, 224 p., 18,50 €)
* Rémi Camus a réalisé de nombreux exploits pour repousser ses limites physiques et mentales, tels la traversée de l’Australie du Sud au Nord (5 400 km) en courant ou la descente du Mékong à la nage en Hydrospeed 5 (4 400 km), et il a gagné en 2018 « Wild, la course de survie », un programme télévisé. « Aventurier de la vie » rappelle ces hauts faits mais surtout les « leçons de vie » qu’il en a tirées, qui l’ont rendu selon lui plus authentique, plus engagé et altruiste. (Robert Laffont, 242 p., 18,90 €)
* De son coup d’essai et best-seller « Femmes de dictateurs » à son dernier livre, « la Dictatrice », adapté en série aux États-Unis, Diane Ducret a accumulé les succès. « Le Maître de l’océan » est une sorte de conte philosophique. Un jeune orphelin embarque à Shanghai vers les côtes françaises afin de découvrir le sens de sa vie. Ode à la mer ou ode au taoïsme, tout se confond – l’eau et le ciel, la foi et la nature, l’Orient et l’Occident – dans ce récit de grande sagesse. (Flammarion, 230 p., 18 €)
* À déguster, pour son charme et sa drôlerie, la réédition de « la Forêt ivre » de Gerald Durrell (frère du romancier Lawrence Durrell, disparu en 1995) qui a consacré sa vie à la défense des espèces animales en voie de disparition. L’ouvrage retrace son voyage d’Argentine à la forêt du Chaco, au cœur du Paraguay, en 1954. Une expédition riche d’aventures et de découvertes mais qui fut un échec, car un coup d’État l’obligea à quitter le pays sans pouvoir emporter aucun spécimen de la faune locale. (La Table Ronde, 248 p., 14,50 €)
* Gilles Lapouge (1923-2020) a été journaliste et écrivain. Dans « l’Encre du voyageur », prix Femina Essai en 2007 et en format poche aujourd’hui, il célèbre en de courts chapitres autant le lointain que le proche et les œuvres qui l’ont conduit à vagabonder. Car pour lui un voyage n’est que de l’encre, toute exploration est le souvenir d’un ancien manuscrit. Entre érudition et incitation au départ. (Albin Michel, 199 p., 7,90 €)