« L’aventure c’est un état d’esprit, explique Vincent Fauré. Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde. Créer son entreprise, développer son officine, c’est aussi une formidable aventure ! »
Après huit ans de « nomadisme officinal », Vincent et son épouse Virginie ont posé leurs valises à La Cotinière, sur l’Île d’Oléron*. Jusque-là, ces passionnés de sport, de mer et de nature, travaillaient l’été dans une officine de station balnéaire et l’hiver dans une pharmacie de station de ski : « C’était beaucoup de travail, beaucoup de sport et beaucoup de fêtes », se souvient Vincent.
Nos deux « saisonniers » sont entrés en pharmacie par les hasards des études. Virginie, bonne élève, échoue à l’entrée en Médecine et entame un cursus de Biologie à l’université de Montpellier. Elle y rencontre Vincent, Toulousain dilettante : « J’aimais la biologie, la physique-chimie, explique-t-il, mais j’étais mauvais dans les autres matières ». Il choisit pharmacie pour rejoindre un ami, mais aussi « parce que c’est un métier qui paie. Quand on vient d’une famille modeste, on recherche l’indépendance financière ».
Entre Val Thorens et Oléron
Virginie décroche un master Santé en recherche et développement clinique, travaille une année dans l’industrie pharmaceutique, puis décide de faire pharmacie en Belgique**. Pendant ce temps, Vincent fait sa première saison à Soulac (Gironde) : « C’était mon premier poste en officine, j’étais bien payé, j’avais de grosses responsabilités et un seul juge : le client. Une expérience très formatrice… Et j’ai découvert le surf ! »
Diplômée en 2012, Virginie partage l’exercice saisonnier de Vincent, de novembre à mai à Val Thorens et de juin à septembre sur la côte landaise ou sur l’Île d’Oléron. Entre les deux, ils font des road trips aux États-Unis, en Asie ou en Europe. « On ne se fixait pas de limite », indique Virginie. En 2016, les voilà à Tahiti ! Vincent est engagé pour 6 mois dans une officine. Il découvre la gentillesse des Polynésiens, leur confiance totale dans le personnel soignant… et les superbes spots de surf de l’île.
Virginie s’installe à son compte sous un statut appelé là-bas « la patente », proche de la microentreprise, qui permet de facturer ses prestations dans différentes pharmacies : « Je travaillais parfois de 6 heures à 13 heures dans une officine et de 14 heures à 20 heures dans une autre », se souvient-elle. C’est alors qu’ils apprennent que la pharmacie de la Cotinière est en vente. Ils n’hésitent pas. Et avec le soutien du réseau Totum, ils s’installent en juin 2018. Achats, commandes, travail administratif, sur le pont 24 heures/24, le premier exercice est épuisant, mais la progression de l’officine est bonne et ils tissent un vrai lien avec la patientèle.
« Un nouveau sens à notre métier »
« C’est un changement de vie radical***, souligne Vincent. Nous ne sommes plus de passage, mais tout aussi intéressés par ce projet. Nous n’avons pas perdu notre liberté, mais gagné autre chose. Avant nous faisions le choix de l’aventure, cette officine est une aventure ! Créer une entreprise rentable, assurer le travail de ses collaborateurs, accomplir une mission de santé publique, c’est très gratifiant. Nous avons donné un nouveau sens à notre métier. Moins nomade, mais tout aussi enthousiasmant. » Sans oublier le surf : « A Oléron, on n’est jamais à plus de 20 minutes d’un spot », précise le jeune pharmacien.
* Commune de Saint-Pierre d’Oléron.
** Car il n’y avait pas de passerelles possibles en France. En Belgique, son master lui permet d’obtenir une équivalence de 4e année de pharmacie.
*** D’autant qu’ils viennent d’avoir leur premier enfant.