Alors que le cap des 1,4 million de vaccinés à deux injections vient d’être franchi, le nouveau président du Conseil italien Mario Draghi vient de présenter son programme de vaccination pour réussir à immuniser la moitié de la population d’ici à la fin de l’été. Le pays a déjà perdu trop de temps et le moment est venu de mettre le pied sur l’accélérateur en s’inspirant de la stratégie britannique très pragmatique et déterminée, estime l’ancien patron de la Banque centrale européenne [BCE].
L’idée de Mario Draghi est donc de ratisser large. Cela veut dire immuniser le plus de personnes possible en prolongeant le temps entre les deux doses de chaque vaccination. Mais cette stratégie doit d’abord être approuvée par le Comité technique et scientifique [CTS]. Ce n’est pas gagné. Car pour certains experts très influents comme le Pr Massimo Galli, chef du service de virologie de l’hôpital Sacco à Milan, ce choix peut au contraire renforcer la diffusion des variants et provoquer une troisième vague, le mauvais scénario qui hante désormais les nuits de la communauté scientifique.
« La vaccination ne doit pas être seulement effectuée dans des endroits spécifiques qui ne sont pas toujours suffisamment équipés pour une opération d’une telle envergure, nous devons donc utiliser toutes les structures disponibles privées et publiques », a estimé Mario Draghi en présentant sa feuille de route au Sénat. Le plan de bataille du nouveau commandant en chef du paquebot Italie, qui veut atteindre un demi-million d’injections par jour, repose sur trois points essentiels. D’abord la mobilisation de tous les professionnels de santé. Puis, le renforcement des centres de vaccination. Enfin, l’élimination des disparités entre les régions qui s’expliquent par le manque de doses, de personnel et de seringues. En ce qui concerne le premier point, un accord a déjà été passé avec l’Ordre des médecins italiens pour envoyer au front 35 000 médecins de famille agréés par la Sécurité sociale italienne [Mutua]. Ils devront injecter les vaccins Moderna, AstraZeneca et Johnson & Johnson, qui devrait être approuvé par l’EMA à la mi-mars. En parallèle, la Protection civile s’apprête à déployer 300 000 volontaires et l’armée.
Pour les centres de vaccination, l’idée est d’utiliser les aéroports, les stades et les parkings des centres commerciaux… « Super-Mario » veut aussi reconvertir quelque 170 structures appartenant au ministère de la Défense actuellement utilisées pour les tests de dépistages et peut-être aussi des usines. Dans ces deux cas, le personnel médical serait fourni par les agences régionales de la Sécurité sociale [ASL]. La dernière partie du plan du chef du gouvernement italien concerne la production de vaccins afin de résoudre le problème de la pénurie. Mais cette opération devra avoir le feu vert de l’EMA qui doit approuver les sites et les équipements. « Je veillerais personnellement à ce que cette question soit réglée », a promis Mario Drahi.