Les personnes atteintes de cancers et de maladies hématologiques malignes en cours de traitement par chimiothérapie sont plus vulnérables et plus à risque de développer des formes graves de Covid-19.
Depuis 18 janvier 2021, elles sont éligibles (en fonction de la chronologie imposée par les pouvoirs publics) à une vaccination anti-Covid-19. La HAS a également recommandé que les sujets ayant eu un cancer les trois dernières années entrent dans la 2e phase du plan de stratégie vaccinale. Pour l'instant les enfants de moins de 18 ans souffrant d'un cancer en sont exclus. « Que le cancer soit actif, métastatique ou en rémission, la vaccination doit être encouragée pour éviter plus tard une aggravation des pathologies dues au Covid. Il n'y a pas de risque de rechute de cancer s'il est en rémission ou stabilisé », insiste le Pr Éric Solary, président du conseil scientifique de la Fondation ARC. Toutefois, la décision de vaccination sera prise avec l'équipe médicale d'oncologie en fonction de l'état général du patient, des traitements en cours et de la nature du vaccin.
Mais avant de donner leur accord, les patients ont besoin d'être informés sur l’efficacité de cette vaccination. À ce jour, les études cliniques concernant les vaccins disponibles sur le marché n’ont pas inclus de patients atteints de cancers et aucune donnée scientifique n'est disponible sur le niveau d'efficacité de la vaccination concernant cette population. « Il peut y avoir des disparités selon les pathologies cancéreuses et les traitements. Le vaccin peut être moins efficace chez les personnes traitées pour un cancer hématologique ou qui reçoivent des chimiothérapies très agressives, mais pas uniquement », souligne le Pr Solary. Le vaccin fonctionnant en stimulant les défenses immunitaires, les pathologies cancéreuses qui affaiblissent le système immunitaire pourraient donc être associées à une moindre réponse à la vaccination. Mais les données disponibles sur cette question sont très lacunaires.
En l’état actuel des connaissances, le niveau de protection obtenu après vaccination d’une personne immunodéprimée reste une inconnue, seul un contrôle de la sérologie, quelques mois après l'administration du vaccin, permet de s’assurer qu’elle a développé une immunité. Pour le responsable de la fondation ARC « même si des doutes existent sur le niveau de protection que l’on pourra assurer chez ces malades à risque, il faut les vacciner ». Les vaccins à ARNm développés par Pfizer et Moderna et le vaccin à vecteur viral non-réplicatif proposé par AstraZeneca sont bien tolérés et ne posent pas de problèmes chez les patients immunodéprimés.
Des décisions prudentes selon les cas
Certaines situations imposent une vigilance plus particulière amenant à éviter ou différer la vaccination. Des précautions d’administration sont également nécessaires en fonction du moment du traitement ou de la nature du traitement. En revanche, il n’existe aucune limitation à l'administration du vaccin en cas d'hormonothérapie ou de rémission de cancer.
En cas de chirurgie, il sera proposé de réaliser l’injection à distance du geste en fonction de l’évolution postopératoire. Si un traitement systémique de chimiothérapie, d'immunothérapie ou une thérapie ciblée est en cours, il convient d’éviter la vaccination le jour de l’administration du traitement anticancéreux, au risque de réduire l’efficacité du vaccin. Il est conseillé de la réaliser entre deux injections (intercure). L’administration doit également se faire en intercure lorsque la chimiothérapie ou l'immunothérapie est associée à la radiothérapie. En cas de traitement par des médicaments agissant sur les cellules B (anti-CD19, anti CD20, CAR-T cells), l’administration du vaccin se fera plutôt soit avant le début, soit 6 mois après la fin des traitements.
Certaines contre-indications sont reconnues dans le contexte plus spécifique d’une maladie cancéreuse : une hémopathie maligne type leucémie aiguë en cours de traitement, une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques dans les 6 derniers mois. Dans le cas d’une complication infectieuse, d’un état général altéré, d’une hospitalisation dans un contexte de complication aiguë, il est recommandé de reporter l’administration du vaccin à la résolution des complications.
Ces informations sont d’ordre général, elles donnent des repères. Elles n’ont pas valeur d’avis médical et ne remplacent pas l’échange personnalisé que le patient doit avoir avec son équipe soignante.
D'après une visioconférence de la Fondation ARC.