Les résultats prometteurs d’un essai de phase 3, commencé en février 2016, ont été publiés dans le New England Journal of Medicine. L’essai a inclus 16 235 personnes âgées de 2 à 59 ans dans 13 États du Brésil : 10 259 participants ont reçu le vaccin Butantan-DV et 5 976 autres un placebo.
L'efficacité du vaccin à deux ans était de 79,6 % au global : 73,6 % chez les participants sans preuve d’infection antérieure à la dengue et 89,2 % parmi les personnes déjà exposées. Dans le détail, la protection contre une infection était de 80,1 % pour les participants âgés de deux à six ans, de 77,8 % chez les 7/17 ans et de 90,0 % chez les 18/59 ans.
La stratification selon le statut sérologique a montré une protection de 73,6 % chez les participants sans preuve d'infection antérieure et de 89,2 % chez ceux précédemment exposés au virus. Le vaccin « s’est également révélé extrêmement sûr pour les personnes qui n’ont jamais eu la dengue, ce qui constitue un avantage », souligne le virologue Maurício Lacerda Nogueira, l'un des coordinateurs des essais.
Une protection potentielle contre les quatre sérotypes en une seule dose
L'efficacité était par ailleurs de 89,5 % contre le sérotype 1 (DENV-1) et de 69,6 % contre le sérotype 2 (DENV-2). Il n’a en revanche pas été possible d’évaluer l’efficacité contre DENV-3 et DENV-4 car ces sérotypes « n'ont pas été détectés au cours de la période de suivi », précisent les auteurs. Mais, « les résultats de la phase 2 ont montré que les quatre sérotypes viraux atténués du Butantan-DV (…) induisent une réponse équilibrée en termes de production d'anticorps. Cela nous amène à conclure que son efficacité contre le DENV-3 et le DENV-4 sera également bonne », indique Maurício Lacerda Nogueira.
Une protection de 73,6 % chez les participants sans preuve d'infection antérieure et de 89,2 % chez ceux précédemment exposés au virus
Les effets secondaires indésirables étaient principalement légers ou modérés : douleurs et rougeurs au site d’injection, maux de tête et fatigue. Des événements indésirables graves ont été enregistrés chez moins de 0,1 % de toutes les personnes vaccinées, et toutes se sont rétablies.
« En juin, nous terminerons la période de suivi de cinq ans. Une fois les données consolidées, nous saurons combien de temps durera la protection induite par le vaccin », précise le Dr Esper Kallás, premier auteur et directeur de l’Institut Butantan. Une demande d'enregistrement du vaccin auprès des autorités brésiliennes est ensuite prévue pour le second semestre de 2024. « Si tout se passe bien, nous obtiendrons l’approbation définitive du vaccin en 2025 », poursuit l’infectiologue. Au Brésil, la dengue est considérée comme hyperendémique. Selon le ministère de la Santé, 1,6 million de cas probables ont été notifiés au cours des 11 premiers mois de 2023, soit une incidence de 107,1 cas pour 100 000 habitants. Dans le pays, le taux de mortalité est de 0,9 %.