Quand la chimie se marie à la physique pour servir la pharmacologie, cela donne un résultat au-delà de toute espérance… Cette fois, c'est dans le domaine précis du traitement de la maladie d’Alzheimer, qu’il convient de saluer une telle avancée. On le sait, les molécules aptes à retarder l’évolution de l’affection sont rares, et leur efficacité bute souvent sur l’obstacle physiologique que constitue la barrière hémato-encéphalique. Ces dernières années, certains principes actifs innovants ont cependant fait les preuves de leur pertinence. Dans cette course au remède, les anticorps anti-amyloïde (Aβ), tel l’aducanumab, tiennent ainsi la corde. Ils se lient à leur substrat cérébral pour s’attaquer aux plaques amyloïdes et, espère-t-on, améliorer ainsi le pronostic de la maladie d’Alzheimer (MA). Problème, la barrière hémato-encéphalique (BHE) freine leur diffusion et limite leur accès à la cible biologique qui leur est assignée. Les pharmacologues ont bien essayé de favoriser ce passage grâce au recours à des transporteurs tels la transferrine ou des liposomes, mais rien n’y fait… Dans ce contexte, une équipe de chercheurs a tenté de « doper » l’efficacité de l’aducanumab en l’aidant à franchir plus facilement la BHE. Pour cela, chez trois participants sur une période de 6 mois, ils ont appliqué des ultrasons focalisés à chacune de leurs six perfusions mensuelles d'aducanumab. Objectif ? Ouvrir temporairement la BHE dans le but d'améliorer l'élimination des plaques amyloïdes dans certaines régions du cerveau. Résultat ? La réduction du niveau d'Aβ était numériquement plus importante (+32 %) dans les régions traitées par ultrasons focalisés que dans les régions homologues de l'hémisphère controlatéral qui n'étaient pas traitées par ultrasons focalisés.
Au-delà de ce résultat, qui constitue avant tout une preuve de concept, d’autres études seront nécessaires pour préciser la balance bénéfice/risque d’un tel procédé. Mais déjà, en s’attaquant au mur de la BHE l’aducanumab boosté par les ultrasons redonne l’espoir de sortir d’autres impasses thérapeutiques.