• Rémunération : vers un système mixte
Premier dossier abordé, l’amélioration de l’économie des officines. Xavier Bertrand assure que des orientations seront dégagées avant l’été sur la base du rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et traduites dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). « Je sais que je n’ai pas le droit de jouer la montre sur ce dossier », lance le ministre de la Santé, repoussant toutefois la mise en place de mesures concrètes à 2012, alors que les syndicats demandaient un ballon d’oxygène immédiat. Mais Xavier Bertrand paraît plutôt décidé à revoir la rémunération des pharmaciens dans son ensemble. Son objectif : rendre les revenus des officinaux moins dépendants de la vente de médicaments, tout en introduisant une part d’indemnité liée à la réalisation de nouveaux services. Mais, insiste-t-il, ces services n’apporteront qu’une rémunération complémentaire qui n’aura pas vocation à remplacer la rémunération à la marge commerciale. « C’est en plus, et non à la place », précise le ministre. Il ajoute : « On a le droit de ne pas être d’accord sur tout, mais je ne crois pas que l’on n’arrive pas à trouver un accord. »
Cependant, Xavier Bertrand ne compte pas revenir sur les grands conditionnements. Même s’il ne semble pas opposé à rediscuter de certains points. « Les grands conditionnements, c’est mon idée, rappelle-t-il. Mais je suis prêt à revoir dès cette année ce qui cloche. » Le ministre de la Santé considère en effet que dans certains cas, en particulier pour les patients chroniques dont le traitement est bien équilibré, les emballages de trois mois ont toute leur place. En revanche, sa volonté n’est pas que les « pharmaciens soient les seuls banquiers » du système.
• Génériques : généraliser la prescription en DCI
En ce qui concerne les génériques, Xavier Bertrand pense que ce marché à encore un bel avenir. Pour encourager la poursuite de leur développement, il propose même de rendre obligatoire la prescription en DCI. L’idée est plus ou moins bien accueillie au sein de la profession. « La prescription en DCI nous faciliterait la vie, mais elle n’est pas essentielle », indique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). « Cela pourrait empêcher les mentions « non substituables » inutiles, mais il faut aller plus loin et faire en sorte que les médecins prescrivent bien à l’intérieur du répertoire », renchérit Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui profite de l’occasion pour redire son opposition à l’instauration de TFR dans les groupes fortement substitués. Cette position « ne fait pas forcément l’unanimité dans la profession », lui rétorque le ministre.
• Holdings : la profession doit d’abord se mettre d’accord
Xavier Bertrand fait à peu près la même réponse au nouveau président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), Frédéric Laurent, qui l’interrogeait sur la parution du décret permettant la création des sociétés holdings. « Il y a aujourd’hui une position sur le projet de texte qui n’est pas unanimement partagée, fait ainsi remarquer le ministre. Rapprochez-vous et je signerai. »
• EHPAD : la place des officinaux renforcée
Le ministre semble par ailleurs convaincu du rôle important des pharmaciens dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Xavier Bertrand annonce ainsi que non seulement le décret sur la préparation des doses à administrer (PDA) est en voie de publication, mais aussi que l’arrêté relatif à la convention type EHPAD-officine est d’ores et déjà signé. De même, il avoue « ne pas être emballé par la forfaitisation des médicaments » dans les maisons de retraite, position pour le coup, unanimement partagée au sein de la profession.
• Éducation thérapeutique : les pharmaciens seront réhabilités
Le ministre de la Santé a également tenu à rassurer les pharmaciens quant à leur participation à l’éducation thérapeutique des patients. On le sait, la proposition de loi déposée par le sénateur Jean-Pierre Fourcade risquait d’exclure les officinaux des sociétés interprofessionnelles de soins ambulatoires (SISA) et, par coup ricochet, de l’éducation thérapeutique (« le Quotidien » du 17 mars). Xavier Bertrand l’assure, il corrigera le tir au Sénat. « Je proposerai un nouvel amendement de coordination lors de la séance du 12 avril, au nom du bon sens et de la cohérence », explique-t-il.
• Vente sur Internet : non aux médicaments sur la Toile
Enfin, en ce qui concerne la commercialisation de spécialités sur la Toile, le ministre de la Santé est parfaitement clair : « Je ne suis pas favorable à la vente de médicaments sur Internet », affirme-t-il. La raison ? Le médicament n’est pas un produit comme les autres, voilà pourquoi il ne se vend ni dans les grandes surfaces ni sur Internet, explique-t-il en substance. « Je veux le meilleur système de santé et, par conséquent, il me faut des pharmaciens nombreux et confiants », conclut Xavier Bertrand.