« C’est un Nobel tout à fait raisonnable et mérité », déclare au « Quotidien » le Pr Axel Kahn. « La découverte de la télomérase était incontestablement une découverte nobélisable. Cette enzyme très particulière permet de réparer les brins d’ADN rabotés à chaque division cellulaire dans deux situations différentes : heureusement au cours du développement embryonnaire, et malheureusement dans les cancers. »
« La télomérase, qui évite le raccourcissement progressif des fragments des bouts de chromosomes, est ensuite inactivée à la fin du développement embryonnaire, hormis dans les cellules souches, explique le généticien. C’est la raison pour laquelle la taille des extrémités des chromosomes est une horloge du vieillissement. Une fois la période embryonnaire passée, chaque division cellulaire entraîne inexorablement un raccourcissement progressif des extrémités des chromosomes. La taille des télomères est ainsi un des marqueurs du vieillissement. Dans les cancers, il existe une réactivation pathologique de la télomérase. Les cellules peuvent alors se diviser sans connaître le phénomène de la sénescence, qui limiterait la croissance tumorale. »
« Pour les applications en médecine, la télomérase permet de comprendre les phénomènes de vieillissement. Mais il n’est évidemment pas question de lutter contre le vieillissement en réparant les télomères. Certains l’imaginent peut-être mais ça relève davantage de la science-fiction, commente le Pr Kahn. En revanche, comme cible potentielle anticancéreuse, il y a d’ores et déjà des essais thérapeutiques précliniques sur les inhibiteurs des télomérases. »