Des chercheurs strasbourgeois ont mis au point une molécule anticancéreuse qui a donné des résultats spectaculaires pour lutter contre les mélanomes métastasés. Ils ont obtenu le prix de la Fondation Arc, doté de 25 000 euros.
Le Dr Laurent Désaubry, chercheur du CNRS* à la faculté de pharmacie de Strasbourg, a synthétisé en laboratoire une forme modifiée de la flavagline, une molécule de la pharmacopée traditionnelle chinoise qui existe à l’état naturel dans l’écorce d’un arbuste d’Asie du Sud-Est. « On a amélioré le produit naturel pour qu’il soit plus efficace et pour que la tumeur ne puisse plus s’en débarrasser, explique Laurent Désaubry. La substance ainsi obtenue, administrée à des souris, a donné de très bons résultats pour retarder la croissance des tumeurs, sans entraîner d’effets secondaires. »
De plus, la molécule est efficace pour prolonger dans le temps l’efficacité de certains anticancéreux dont l’effet disparaît dans la plupart des cas au bout de six mois à un an. La flavagline permettrait aussi de diminuer les risques de complications cardiaques chez les souris traitées, les crises cardiaques étant l’un des effets secondaires les plus redoutables des chimiothérapies actuelles.
« C’est un projet atypique et très prometteur », s’est félicité André Hochberg, de la Fondation ARC.
Pour autant, son débouché en termes de nouveaux médicaments dans les services de cancérologie semble encore lointain. « On ne pourra pas commencer d’essais sur l’homme avant au moins cinq ans », précise Laurent Désaubry, soulignant le coût très élevé de ces procédures.