Lors des 10es Rencontres de la Cancérologie française (RCFr), axées cette année sur l’expertise, le rôle du pharmacien a été souligné dans deux types d’expertise phares en cancérologie : l’expertise décisionnelle - à côté du médecin traitant et de l’infirmière - et l’expertise concertée entre les différents professionnels de santé. Avec comme objectifs la poursuite de la chimiothérapie à la sortie de l’hôpital, une bonne observance et la prise en charge des effets indésirables des traitements. Pourtant, aujourd’hui, si les pharmaciens s’efforcent tout naturellement de conseiller et de soutenir les patients cancéreux de retour à leur domicile, ils interviennent peu dans la prise en charge des effets iatrogènes. Faute d’informations partagées avec l’équipe hospitalière et d’une bonne coordination des soins oncologiques en ville.
Une nouvelle mission
Les choses devraient prochainement changer si l’on en croit les intervenants d’une table ronde consacrée précisément à l’implication des pharmaciens dans la prise en charge des patients cancéreux à domicile. En effet, l’avenant n° 11 à l’actuelle Convention pharmaceutique, signé en juillet dernier, qui pose les bases d’une réforme structurelle des modalités de rémunération des officines, permet de réfléchir à d’autres missions de prévention. Après les entretiens pharmaceutiques asthme, AVK et AOD, d’autres sont à l’étude pour le sevrage tabagique, le dépistage du cancer colorectal et surtout le suivi des patients en chimiothérapie orale de retour à leur domicile. Ils seraient rémunérés sur les mêmes bases.
L’oncologie, avec la gériatrie, est en effet un domaine pour lequel l’expertise du pharmacien peut être très utile. Le patient peut aisément lui confier ses doutes, ses inquiétudes et lui signaler des effets indésirables de son traitement qu’il pourra répercuter sans tarder à l’équipe hospitalière. « La plupart des pharmaciens sont pour et les étudiants se montrent motivés. Reste à organiser concrètement ces entretiens, à définir leur rémunération et à le faire savoir aux intéressés, patients, praticiens de ville et hospitaliers, à travers une campagne d’information. Le but est bien sûr d’anticiper la sortie de l’hôpital, d’être prêt à fournir le traitement en temps et en heure et ensuite d’assurer un suivi régulier de manière à réagir rapidement en cas d’effets iatrogènes et ainsi à obtenir une meilleure observance, explique Gilles Bonnefond, président de l’USPO (Union des syndicats de pharmaciens d’officine). Pour qu’il n’y ait pas de ratés, une fois l’ordonnance validée, le service hospitalier devra prévenir les différents professionnels de santé concernés, dont le pharmacien de ville, en respectant le choix du patient, prévu dans la convention. »
Les premiers retours de l’expérience menée dans la région Rhône-Alpes sont positifs et les hospitaliers sont évidemment intéressés. Gilles Bonnefond se montre donc optimiste. Du reste, des négociations sont déjà en cours avec Nicolas Revel, le directeur général de l’Assurance maladie, pour finaliser ce projet, en particulier la formation et la rémunération.
* D’après une table ronde organisée aux 10es Rencontres de la Cancérologie française (Paris).