« L’OFFICINE va mal », lance Gilles Bonnefond aux participants des troisième « Rencontres de l’USPO ». De nombreuses trésoreries sont dans le rouge, un titulaire sur deux présente un découvert bancaire et les officines ferment au rythme de deux par semaine. Dans ce contexte économique difficile, le président délégué de l’USPO met en garde les pouvoirs publics contre des mesures qui viendraient encore aggraver la situation. « Aujourd’hui, on ne peut pas perdre le marché des EHPAD* », explique-t-il ainsi, tout en rappelant son hostilité à l’encontre de la possibilité offerte aux groupements de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) à gérer une pharmacie à usage intérieur (PUI) pour plusieurs maisons de retraite. Une possibilité toutefois repoussée à 2013 par les parlementaires lors de l’examen du budget de la Sécurité sociale pour 2011, même s’ils tolèrent la création d’une PUI dans le cadre de l’expérimentation actuellement en cours (voir « le Quotidien » du 25 novembre). Gilles Bonnefond se dit par ailleurs favorable aux regroupements d’officines « sur la base du volontariat ». Mais, ajoute-t-il, l’aspect administratif doit être simplifié et des incitations fiscales doivent être mises en place. Le président délégué de l’USPO compte aussi s’appuyer sur les organismes complémentaires pour développer des partenariats et souhaite renforcer la complémentarité avec les prescripteurs. « Le couple médecin-pharmacien, c’est 100 % des patients », souligne-t-il.
Érosion des unités.
Mais sa priorité reste, bien sûr, l’obtention d’un ballon d’oxygène pour relever l’économie officinale en berne avant d’entrer dans l’ère des nouvelles missions rémunérées prévues par la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). « Il faut trouver la méthode la plus efficiente, celle qui coûte le moins à l’assurance-maladie, qui n’éclate pas les pharmacies et qui permette ensuite la mise en place de la loi HPST », explique-t-il. Le modèle actuel de rémunération à la marge ne semble en effet plus du tout adapté. Notamment en raison d’une érosion continue depuis trois ans des ventes en unités des médicaments remboursables prescrits, comme le montrent les chiffres présentés par Pascal Voisin d’IMS. En chiffre d’affaires, « les prescriptions des généralistes ont diminué d’environ 400 millions d’euros », poursuit Pascal Voisin. Mais, au total, le marché semble peu évoluer car les prescriptions hospitalières compensent cette baisse (voir l’article ci-dessous). Enfin, l’étude d’IMS confirme la part croissante des produits remboursables dans le chiffre d’affaires des officines au détriment des médicaments non remboursables dont les ventes diminuent fortement.
Face à cette transformation du marché pharmaceutique, l’officine doit donc s’orienter vers une économie davantage axée sur les services. Mais attention, la qualité doit être au rendez-vous. « La qualité de l’acte ou des services apportés est essentielle afin que ces nouvelles missions soient à la hauteur des attentes de nos patients », conclut Jean-Charles Tellier, président du conseil central A (titulaires) de l’Ordre des pharmaciens.