« L’officine vit des moments difficiles », lance d’emblée Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) lors des 8e Rencontres organisées vendredi dernier par son syndicat au Conseil économique, social et environnemental (CESE). « La dégradation économique s’accélère sur les 8 premiers mois de l’année » et la réforme de l’honoraire mise en place depuis janvier 2015 « ne nous donne ni stabilité ni d’avenir », tranche le président de l’USPO.
L’évolution de la rémunération rencontrée aujourd’hui n’est peut-être pas celle des années futures, répond en substance Nicolas Revel, directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), invité à débattre lors des Rencontres de l’USPO. « Les chiffres avancés ne sont peut-être pas une tendance de fond et n’ont peut-être pas vocation à perdurer », estime Nicolas Revel.
Quoi qu’il en soit, la maîtrise des dépenses va se poursuivre. « La pression sur le poste médicament est forte depuis 3 ans et le restera pour les 2-3 prochaines années », prévient le directeur général de la CNAM. Tout en précisant qu’il sera vigilant aux conséquences de ces mesures sur « l’économie officinale et votre profession ». Quant à la réforme de l’honoraire, Nicolas Revel confirme que, selon les chiffres dont il dispose, l’impact est « à ce jour globalement positif de 25 millions d’euros ». Et pour lui, rien ne laisse à penser que le passage à l’honoraire à 1 euro au 1er janvier 2016 inverserait la tendance.
Gilles Bonnefond, qui souhaite que cette deuxième étape soit abandonnée, pense au contraire que la situation va s’aggraver en raison de la poursuite des baisses de prix et des volumes. « On illusionne en faisant croire aux pharmaciens qu’ils gagneront 20 centimes de plus au premier janvier. En réalité, ils perdront 8 centimes pour les produits dont le prix dépasse 1,81 euro et jusqu’à 8 centimes pour les spécialités dont le prix se situe entre 1,61 et 1,81 euro », insiste le président de l’USPO.
Mais pour Nicolas Revel, cette deuxième étape aura bel et bien lieu. « Nous en ferons le bilan au premier semestre 2016, indique-t-il. On doit regarder au fur et à mesure si on peut affiner ou améliorer le système. »
Pour lui, il est nécessaire de diversifier le mode de rémunération des pharmaciens. Et les honoraires à la boîte et pour les ordonnances complexes, ainsi que la ROSP générique, vont dans ce sens.
Au sujet de la ROSP justement, le directeur général de la CNAM indique qu’il souhaite boucler la négociation avant la fin de l’année. Il présentera d’ailleurs aujourd’hui (jeudi) les orientations lors d’un conseil d’administration de l’UNCAM*. Certes, mais pour Gilles Bonnefond, l’enveloppe doit être identique à celle de l’an passé, soit d’environ 140 millions d’euros pour le réseau. Sinon, « on nous remet encore la tête sous l’eau », alerte le président de l’USPO. « Pour garder les 140 millions d’euros, il faudra monter en puissance sur d’autres sujets », martèle de son côté Nicolas Revel.