Un livre sur les origines de la Société d’histoire de la pharmacie

Les premiers pas d'une alerte centenaire

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Publié le 17/12/2018
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Née en 1913 de la rencontre entre un pharmacien d’industrie, un médecin historien et un jeune archiviste, la Société d’histoire de la pharmacie se distingue toujours par le dynamisme de ses activités et de sa revue, dont le 400e numéro paraît ces jours-ci. Pharmacien et historien, son rédacteur en chef, Thierry Lefebvre, vient de consacrer un ouvrage aux premières années de cette alerte centenaire*.

La Société naît de la volonté de Charles Buchet, pharmacien directeur d’une grande coopérative, la Pharmacie Centrale de France, de célébrer par un livre historique les 60 ans de son entreprise, ainsi que le demi-siècle de la revue qu’il a fondée, l’Union pharmaceutique. Il engage pour cela un archiviste chartiste, Eugène-Humbert Guitard, qui mènera ses recherches avec le concours du bibliothécaire en chef de l’École de pharmacie de Paris, le Dr Paul Dorveaux, éminent historien de la médecine. Très vite les trois hommes décident de poursuivre leur coopération en créant une société d’histoire de la pharmacie, la première de ce type au monde. Buchet en deviendra le gestionnaire, Dorveaux en assurera la caution scientifique et Guitard, alors âgé de 29 ans, en sera la cheville ouvrière.

Dans un premier temps, les trois associés décident de doter l’École de pharmacie d’un prestigieux musée historique et lancent une souscription qui ne rencontre qu’un succès mitigé, d’autant que la Grande Guerre éclate peu après. Ils parviendront néanmoins à constituer une collection, dont une partie est toujours visible à la faculté de Paris. Par contre, le bulletin de la Société, dont le premier numéro paraît en février 1913, va connaître un succès qui ne se démentira jamais, sous la houlette de Guitard qui en assurera la rédaction jusqu’en 1963, c’est-à-dire pendant cinquante ans.

Ce bulletin devient « Revue » en 1930, avec une pagination renforcée et de belles illustrations… rendues possibles par l’arrivée de « membres bienfaiteurs », essentiellement des industriels, et par un soutien plus marqué de la faculté de pharmacie. Riche en travaux historiques, portant aussi bien sur l’évolution des thérapies et des médicaments que sur l’histoire de la pratique pharmaceutique, la Revue est aussi le reflet de l’activité de la Société. Classées et présentées dans l’ouvrage, les correspondances entre ses principaux responsables permettent aux lecteurs d’aujourd’hui de découvrir comment fonctionnait alors la Société et comment s’élaborait la Revue. Elles illustrent la vie d’une société savante de l’époque, non sans certaines polémiques inhérentes à leur nature… et qui évoquent souvent les aléas que connaissent toujours les sociétés savantes contemporaines.

Depuis plus d’un siècle, la Société d’histoire de la pharmacie a su traverser les décennies et s’adapter aux évolutions contemporaines. Aujourd’hui, souligne Thierry Lefebvre, la Société compte 300 membres, essentiellement pharmaciens et historiens. À la tête de la revue depuis 1997, il a pu aussi, grâce à l’informatique, concrétiser le rêve de ses fondateurs d’élargir encore l’audience de la publication, puisque toute la série est désormais disponible en ligne, à l’exception des 5 années les plus récentes, sur le site spécialisé Persée, à l’adresse https://www.persee.fr/collection/pharm.

* Thierry Lefebvre : « Une société savante et son bulletin à la veille de la Première Guerre Mondiale », Paris, Éditions Glyphe, 2018, 280 pages, 18 euros.

Denis Durand de Bousingen

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3482