Depuis 2002, les pharmaciens d'outre-Rhin sont tenus d’importer un certain pourcentage (actuellement 5 %) de médicaments coûtant au minimum 15 % de moins que leurs équivalents allemands. Ils doivent de plus délivrer certains génériques directement choisis par les caisses à l’issue d’appels d’offres basés principalement sur les rabais proposés par les fabricants à ces dernières.
Les pharmaciens dénoncent depuis longtemps les risques de ces pratiques, et voient notamment dans les quotas d’importation une « porte ouverte aux contrefaçons ». Les événements de ces derniers mois ont montré que leurs craintes sont justifiées : comme ils l’avaient déjà fait dès l’an dernier, les 300 délégués des 17 Ordres et des 17 syndicats régionaux, qui constituent les représentants officiels des 65 000 pharmaciens allemands (dont 51 000 officinaux) ont exhorté les pouvoirs publics à « sortir du diktat de la rigueur » et réclamé des mesures pour lutter contre les dérives et les ruptures de stock.
Parmi celles-ci, les pharmaciens exigent que les caisses, lorsqu’elles lancent des appels d’offres, sélectionnent aussi à l’issue de ceux-ci des génériques fabriqués dans l’Espace économique européen (Union européenne, Suisse, Norvège, Islande et Liechtenstein) et non pas uniquement dans des pays éloignés, Chine et Inde notamment. Rappelant que l’assurance maladie allemande dégage des excédents substantiels depuis plusieurs années, ils réclament la suppression des quotas d’importation obligatoires. Ceux-ci entraînent par ailleurs pour les pharmaciens de lourdes contraintes administratives, et ne dégagent finalement que des économies minimes pour les caisses.
Des failles dans les procédures
De plus, les affaires Lunapharm et Valsartan ont, selon les résolutions adoptées lors du congrès, révélé des failles dans les procédures de surveillance de la qualité assurées par les autorités nationales de contrôle ; les pharmaciens souhaitent que des enseignements en soient tirés, et que ces procédures se déroulent dans une meilleure transparence.
En outre, le congrès a exigé une application plus stricte du droit pharmaceutique dans l’ensemble de l’Allemagne : selon lui en effet, ce dernier est de plus en plus souvent bafoué, notamment en ce qui concerne les ventes en ligne et les activités commerciales menées par des intermédiaires en dehors du circuit pharmaceutique traditionnel.
Si les questions de sécurité et d’approvisionnement ont dominé le congrès de cette année, plusieurs autres résolutions ont été discutées et votées durant les trois journées de débats. Ils ont porté sur l’exercice professionnel, le renforcement de la sécurité des traitements et le développement des services digitaux à l’officine.
Au total, les délégués ont ainsi adopté une centaine de documents, non sans en avoir rejeté ou modifié un certain nombre : ces résolutions seront soit mises en œuvre par les organisations professionnelles elles-mêmes lorsqu’elles en ont la compétence, soit transmises aux différentes autorités pharmaceutiques, notamment réglementaires, administratives et universitaires.