L’idée n’est pas nouvelle. Interfimo l’avait déjà émise à plusieurs reprises : le chiffre d’affaires n’est plus la valeur de référence adéquate pour estimer une officine. L’unité de mesure qu’il convient désormais de retenir est l’excédent brut d’exploitation (EBE). Luc Fialletout, directeur général adjoint d’Interfimo, l’a répété et confirmé, cette unité dictera désormais le montant des cessions.
« La valorisation par l’EBE doit s’imposer et elle doit s’imposer vite. Il faut se débarrasser dès maintenant de la référence des prix au chiffre d’affaires », indique-t-il, promettant un travail pédagogique dans ce domaine auprès des différents acteurs du marché. Le directeur général adjoint d’Interfimo estime qu’un niveau de revalorisation constant à six fois l’EBE est aujourd’hui un ratio acceptable. « Le marché valorise ainsi les pharmacies à un niveau raisonnable au regard de ce qui se passe dans d’autres secteurs », constate-t-il.
Gommer les disparités
Plus réaliste et plus défendable que le chiffre d’affaires au regard des évolutions économiques de l’officine, la valorisation par l’EBE est donc devenue incontournable. À plusieurs titres. Le premier avantage de ce recours à l’EBE est de donner une image objective, au plus près de la réalité, alors que « les disparités de valorisation des pharmacies, entre les grosses, les petites, les rurales et celles des centres commerciaux, n’ont jamais été aussi importantes », comme le signale Luc Fialletout. Ce grand écart entre les différents types d’exploitation constitue d’ailleurs un phénomène relativement récent qui remonte à moins de dix ans. Dans ce contexte, le directeur général adjoint d’Interfimo se défend de privilégier des structures à d’autres. Il affirme même suivre les projets de reprise de petites entités pourvu qu’ils remplissent certaines conditions. « Et pourvu que le prix soit raisonnable et l’acquéreur conscient qu’il ne pourra en tirer l’apport nécessaire à l’achat d’une seconde officine », relève-t-il. Il précise soutenir des petites entités « dès lors qu’elles détiennent un rôle de santé publique, et qu’elles sont indispensables dans leur zone de chalandise ». En revanche, il admet qu’il pourra difficilement suivre le financement d’une petite structure qui subit la concurrence de pharmacies en développement. En effet, « il y a peu de chance pour que le titulaire parvienne à redresser la situation », objecte-t-il.
Le deuxième atout de l’EBE comme base de calcul d’une cession est de dégager une ligne de visibilité pour le candidat repreneur, alors que les bilans 2016 risquent d’être floutés par l’intégration des différentes composantes issues de la nouvelle rémunération, dont la ROSP. « Les experts comptables vont devoir faire preuve de pédagogie pour expliquer à leurs clients pharmaciens pourquoi leur bilan et leur compte d’exploitation ont changé de nature. Cette démarche sera encore plus compliquée auprès du pharmacien qui envisage de racheter une pharmacie », expose Luc Fialletout.
À propos de reprise justement, la valorisation d’un fonds exprimée en multiple de sa rentabilité est un critère plus équitable qui permet une transition plus aisée entre les générations. Et un bon scénario d’insertion des jeunes pharmaciens « Cela veut dire qu’avec un niveau équivalent à 6 fois l’EBE, un jeune pharmacien qui dispose d’un petit peu de fonds propre et qui profite des taux d’intérêts actuels incroyablement faibles, peut très bien s’installer aujourd’hui. » À condition évidemment que l’économie ne continue pas à se dégrader.