Deux candidats à l’élection présidentielle ont profité du salon PharmagoraPlus, qui s’est tenu le week-end dernier à la Porte de Versailles, à Paris, pour s’adresser aux pharmaciens.
Emmanuel Macron n’était pas présent au salon PharmagoraPlus. Mais le candidat d’En Marche avait chargé l’un de ses conseillers pour la santé, le Pr Patrick Pessaux, chirurgien au CHU de Strasbourg, de présenter ses ambitions pour la profession. Emmanuel Macron inclut ainsi les pharmaciens dans sa grande réforme du monde de la santé qu’il entend faire passer d’un système de soins d’excellence à un système de santé d’excellence, qui ferait la part belle à la prévention. « Le pharmacien doit jouer ce rôle de prévention, par exemple dans la vaccination, ou le dépistage du diabète », affirme le Pr Pessaux. « Il faudra passer un contrat avec les différents acteurs de santé sur des objectifs de santé publique et leur attribuer des rémunérations pour cela », ajoute-t-il.
Le candidat d’En marche compte aussi sur les pharmaciens dans la réorganisation du parcours de soins, en leur attribuant, pourquoi pas, un rôle de coordonnateur. En ce qui concerne la dispensation à l’unité défendue par Emmanuel Macron, son conseiller santé indique que la mesure est toujours à l’ordre du jour. Même s’il reconnaît que cela ne permettra pas de réaliser des économies importantes, cette vente à l’unité peut selon lui présenter « un intérêt écologique ». Enfin, interrogé sur une éventuelle volonté du candidat d’autoriser la vente de médicaments en grande surface, Patrick Pessaux, a clairement répondu : « aujourd’hui non, je m’y engage ! »
Nicolas Dupont-Aignan s’est quant à lui, déplacé en personne pour échanger avec les représentants de l’officine. « Ce n’est pas nouveau que je m’intéresse à vous, cela fait de nombreuses années que je soutiens une certaine réglementation de votre profession », explique le candidat de Debout la France. « On voit les dégâts de la liberté d’installation chez les médecins, souligne-t-il. Le cadre réglementaire qui vous régit a bien fonctionné. » Et d’adresser une pique à l’intention de ses adversaires politiques : « Méfiez-vous de Macron et de Fillon, les loups sont aux portes de vos officines. » Car lui s’engage à préserver le monopole de dispensation des médicaments, la réserve du capital aux seuls pharmaciens et le maillage des pharmacies. « Je signe et contre signe ! », lance Nicolas Dupont-Aignan. Pour lui, « l’officine est le dernier pôle de résistance à la désertification dans nos campagnes ».
S’il estime que les pharmaciens pourraient jouer davantage de rôles dans la chaîne de soins, notamment pour faire face à la pénurie de médecins dans certains territoires, il refuse de se prononcer en faveur de la vaccination à l’officine.
Au chapitre de la Sécurité sociale, il propose une progression de l'objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) de 2,5 % à 3 % par an, évolution qui lui semble plus raisonnable. Afin de maîtriser les dépenses, il veut « éviter le gaspillage », mais s’oppose à la vente de médicaments à l’unité. « C’est une mesure démago, un gadget », affirme-t-il.