EN PÉRIODE de crise, il n’y a pas de petites économies. Et se protéger contre le vol peut rapporter gros. « Il est possible de récupérer facilement 1 % de marge », affirme William Digne, P-DG du groupe PCL*. Pour preuve, 70 % des 150 officines dans lesquelles sa société a installé des systèmes antivol constatent une baisse de la démarque inconnue, souligne-t-il. Et les officines semblent particulièrement exposées. Car, d’après la dernière enquête BVA Healthcare** réalisée pour le compte des sociétés PCL et Checkpoint Systems, le vol en pharmacie est une nouvelle fois à la hausse. Selon cette étude qui sera présentée ce week-end à Pharmagora, la démarque inconnue progresse ainsi de 13 % en 2008 par rapport à l’année précédente, portant ainsi le montant des vols à 476 millions d’euros. Ce qui représente par officine, la modique somme de 21 146 euros en moyenne, contre 18 653 euros en 2007 et 18 366 euros en 2006. Pour plus d’une officine sur deux, la démarque inconnue se chiffre désormais à plus de 12 000 euros par an.
Autre indicateur de la tendance actuelle : « L’étude révèle que 70 % des pharmaciens ont à présent une démarque inconnue supérieure à 1 % de leur chiffre d’affaires (CA), contre 60 % en 2007, indiquent les auteurs de l’enquête. Les pharmacies réalisant de 1 à 1,5 million d’euros de CA sont de plus en plus concernées, avec un taux de démarque de 1,43 %, au-dessus de la moyenne nationale », qui s’élève à 1,36 % du CA.
Des disparités.
La raison de cette recrudescence des vols en pharmacie ? Le libre accès à certains médicaments, avance prudemment William Digne. Le P-DG de PCL constate en effet que l’étude semble montrer une corrélation entre un taux de démarque inconnue élevé et la mise en place d’un rayon important destiné aux spécialités de libre accès. Chez les 39 % des titulaires interrogés ayant déclaré avoir disposé des médicaments devant leur comptoir, la démarque inconnue atteint ainsi 1,41 % du CA (contre 1,36 % en moyenne) et la part du vol de médicaments s’élève à 12 % contre 7 % au global.
C’est également dans les régions où le nombre d’officine ayant adopté le libre accès est important que la démarque inconnue est la plus forte. Il en en est ainsi des régions Sud-Est et Méditerranée (1,69 %).
Toutefois, les médicaments restent encore une famille de produits relativement peu dérobés dans les officines (7 % des réponses). Ils arrivent en effet en septième position des catégories les plus fréquemment citées, loi derrière les soins du visage (53 %), les soins du corps (46 %), les produits d’hygiène (31 %), la puériculture (21 %), la diététique (16 %) et les compléments alimentaires (15 %). Les produits de marque, de petite taille et à forte valeur ajoutée restent les plus convoités. « Il n’y a pas de fatalité, insiste William Digne. Il est possible de lutter contre le vol et continuer ainsi à placer des produits en libre accès. »
** Enquête réalisée du 16 au 20 février 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 403 pharmaciens titulaires d’officine.