FAIRE DES ÉCONOMIES. Le principe même des médicaments génériques. La raison d’être de ces produits qui présentent la même forme pharmaceutique (gélule, comprimé, solution) et la même composition qualitative et quantitative que la spécialité de référence. Dotées du même principe actif et comportant exactement les mêmes propriétés, ces copies sont donc vendues moins chers que les princeps, puisque leurs fabricants n’ont pas à supporter de frais de recherche et de développement (R & D). En clair, leur prix correspond uniquement au coût de leur fabrication et de leur distribution.
Rien d’étonnant dès lors, à ce que, « au moment de sa commercialisation, le premier générique ait un prix 60 % inférieur à celui du princeps ; lequel devra dans le même temps abaisser son prix de 20 %, puis encore de 12,5 % dix-huit mois plus tard quand le générique diminuera encore le sien de 7 % », explique le professeur d’économie de la santé, Jean-Jacques Zambrowski.
Fort d’un prix en moyenne 54 % inférieur à celui du princeps, les génériques permettraient ainsi de réaliser d’importantes économies. Pas moins de « 2,4 milliards d’économies par an aujourd’hui et, à terme, jusqu’à 4 ou 5 milliards d’euros », selon Stéphane Joly, vice-président du GEMME (Génériques, même médicament). « À condition que les médecins jouent le jeu », relativise-t-il.
Des praticiens assez peu concernés par les génériques dont le succès repose quasi exclusivement sur les pharmaciens. Et pour cause ! Depuis la reconnaissance du droit de substitution, en 1999, les officinaux sont clairement intéressés à la promotion de ces médicaments. Au point d’en être fortement dépendants ; puisque « pas moins de 35 % de la marge d’une officine est liée au générique », précise encore Stéphane Joly. Une dépendance économique que le législateur a néanmoins voulu encadrer en plafonnant les remises. Mais ce souci de transparence sur les prix des génériques n’a pas pour autant modifié la réalité : « les génériqueurs tiennent à bout de bras le réseau officinal. »
Et, n’en déplaise à Christelle Ratignier-Carbonneil (CNAMTS), cette spécificité française risque fort de perdurer malgré la volonté du Comité économique des produits de santé (CEPS) de « diminuer les prix des génériques français afin de les rapprocher des niveaux de prix européens ». À moins que les génériqueurs dont « la rentabilité se situe en moyenne entre 1,5 % et 2 % » ne décident de limiter davantage leurs remises.