TEL FUT le sujet de la table ronde organisée par l’Association française des pharmaciens catholiques lors du salon Pharmagora Plus. Thème récurent, surtout en milieu libéral. Valérie Marianne, pharmacienne d’officine et membre du Pôle Santé Essonne Ensemble, et Patrick Hindlet, praticien hospitalier et maître de conférences en pharmacie clinique, ont donné quelques exemples de situations, certaines illustrant les difficultés relationnelles entre nos professions, d’autres démontrant les bénéfices d’une réelle coopération.
Pierre Langlois, médecin généraliste et membre du même pôle, a fait un inventaire des occasions de contact avec les pharmaciens les plus proches de son cabinet. Outre les questions liées à la délivrance des génériques et celles de doses à confirmer, il retient notamment les occasions qui ont valorisé cette coopération : journées de dépistage du diabète, initiation de traitements substitutifs aux opiacés, prise en charge de patients porteurs de VIH. Mais pour lui, ces occasions demeurent trop rares : « nos professions devraient davantage en appeler à la complémentarité des savoirs, et cela pour le bien des patients ». Il s’étonne encore que ses « prescriptions soient si facilement acceptées, car chaque ordonnance relève un peu d’une certaine alchimie ». À noter aussi que des formations communes devraient être plus nombreuses afin de favoriser connaissance mutuelle et dialogue. Enfin, pour ce médecin, l’espoir se trouve certainement du côté des nouveaux modes de rémunération qui vont pousser médecins, pharmaciens et infirmières à travailler ensemble en vue d’une prise en charge concertée des patients polypathologiques et/ou fragilisés.
Reste le patient : quels sont ses constats face à ces difficultés de dialogue ? Francis Depernet, directeur des ressources humaines, nous a livré son analyse. D’abord « la logique d’exécution dans laquelle semble s’enfermer une bonne partie des pharmaciens d’officine doit être transformée pour devenir logique de complémentarité ; car l’expertise des pharmaciens est à valoriser ». Second point : « Quand on regarde ce qui se passe dans le monde de l’entreprise, on constate qu’aucun projet n’est prévu à l’avance ; imaginé par les concepteurs, chaque projet est nécessairement repris plusieurs fois par les équipes chargées de sa réalisation ; au monde de la santé à imaginer le développement de tels échanges pour une plus grande pertinence des propositions thérapeutiques. » Dernier point : « même si la bonne volonté permet de mieux travailler ensemble, l’intervention d’un tiers qui vient arbitrer ne peut être que bénéfique ; sur ce point, une plus grande implication des patients dans le fonctionnement de notre système de santé risque de venir "mettre de l’ordre" tôt ou tard dans les relations entre les différents protagonistes intervenant dans notre système de soins ».
Le débat avec la salle a permis aussi de faire mieux connaître certaines initiatives, comme les formations communes à Angers pour les étudiants de médecine et de pharmacie en fin d’études, de rappeler l’urgence de développer le dossier pharmaceutique en ville et à l’hôpital, de diffuser la carte de coordination des soins réalisée par l’URPS Ile-de-France, ou d’imaginer la participation des étudiants de 5e année pour une meilleure communication hôpital-ville au moment de la sortie des patients…
Conclusion : on insiste beaucoup aujourd’hui sur les compétences relationnelles des soignants envers les patients, et c’est tant mieux ! À nous de ne pas oublier de mieux communiquer entre nous car les patients nous attendent à ce niveau-là aussi !