L’abiratérone (Zytiga) est en train de défendre une place plus précoce dans le cancer de la prostate. Présentées au congrès 2017 de la société américaine d’oncologie (ASCO), qui s’est tenu à Chicago du 2 au 6 juin, deux études très proches publiées simultanément dans « The New England Journal of Medicine » pourraient même changer le standard de traitement du cancer de la prostate.
Chez des hommes ayant un cancer de la prostate métastatique non traité précédemment, les études de phase 3 LATITUDE et STAMPEDE montrent toutes les deux que la survie globale est améliorée d’environ 40 % dans le groupe traité par abiratérone en association à la castration chimique par rapport à la castration seule. De plus, l’abiratérone réduit la progression de la maladie de 50 à 70 %, respectivement pour LATITUDE et STAMPEDE.
Actuellement, le traitement de référence du cancer de la prostate métastatique est la castration chimique associée au docétaxel chez les hommes éligibles à la chimiothérapie. Or comme l’écrivent les auteurs de LATITUDE, le docétaxel rencontre plusieurs limites à son utilisation, - âge avancé, mauvais état clinique, co-morbidités ou préférences du patient - sans compter les problèmes de toxicité.
Des résultats concordants et puissants
L’abiratérone, qui bloque une enzyme clef de la biosynthèse des androgènes, n’est aujourd’hui indiquée dans le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration, que chez les hommes peu symptomatiques pour lesquels la chimiothérapie n’est pas encore indiquée, et chez ceux dont la maladie a progressé avant ou pendant une chimiothérapie par docétaxel.
Ces résultats pourraient amener à changer le traitement standard. Pour le Pr Nicholas James, de l’université de Cambridge et investigateur principal de l’étude STAMPEDE : « Ce sont les résultats les plus puissants que j’ai vus dans un essai sur le cancer de la prostate, comme cela n’arrive qu’une fois dans sa carrière. C’est l’une des plus grosses réductions de mortalité que j’ai constaté dans un essai clinique dans le cancer de l’adulte ».
Les résultats ont été si fortement positifs que les investigateurs de LATITUDE ont décidé « à l’unanimité » de lever l’aveugle et de proposer un crossover aux patients du groupe placebo vers le groupe abiratérone.
Une toxicité plus acceptable que le docétaxel
Dans STAMPEDE, ce sont 1 917 hommes ayant un cancer localement avancé ou métastatique non traité précédemment qui ont été inclus. Au cours d’un suivi médian de 40 mois, 184 décès sont survenus dans le groupe traité par rapport à 262 dans le groupe castration seule. Tandis que 248 échecs de traitement ont été constatés dans le groupe association, il y en a eu plus du double dans le groupe.
L’étude LATITUDE (n = 1 199) dirigée par le Pr Karim Fizazi, de l’institut Gustave Roussy (IGR) à Villejuif, l’association d’abiratérone plus prednisolone au cours de la castration chimique s’est révélée bénéfique par rapport à la castration chimique seule en améliorant la survie globale (non atteinte vs 34,7 mois) et la survie sans progression radiographique (33,0 mois vs 14,8 mois) chez des hommes ayant un cancer de la prostate récemment diagnostiqué, métastatique et sensible à la castration.
Concernant la tolérance, pas de surprise. Les effets secondaires les plus fréquents étaient liés aux propriétés minéralocorticoïdes avec de l’hypertension et des hypokaliémies. La fréquence était de à 47 % dans le groupe abiratérone par rapport à 33 % dans le groupe castration seule dans STAMPEDE. Dans LATITUDE, même constat, l’hypertension et l’hypokaliémie étaient plus fréquentes dans le groupe abiratérone.
Par ses propriétés antiandrogéniques, l’abiratérone potentialise l’effet de la castration chimique avec une meilleure survie globale et un allongement de la survie sans progression. Au moins autant, sinon plus, efficace, l’abiratérone pourrait être une alternative au docétaxel en association à la castration chimique dans le cancer de la prostate non précédemment traité.