« Cela fait trois ans que l'USPO se bat pour faire valoir le rôle des pharmaciens dans le développement de la télémédecine en France, » rappelle d'abord Gilles Bonnefond. Pour le président de l'USPO, les pharmaciens ont clairement leur place dans le dispositif. « Concrètement, détaille-t-il, il faut d'abord équiper les officines d'outils de télémédecine. » Pour cela, les aides des agences régionales de santé (ARS) seront les bienvenues. « Les outils de télémédecine permettraient aux pharmaciens de mieux assurer le suivi de leurs patients », suggère Gilles Bonnefond. Globalement, au moins deux situations justifient selon lui l'intervention du pharmacien ainsi doté. L'officine doit pouvoir être considérée comme une « fenêtre d'entrée » au médecin traitant par le biais d'une consultation à distance. « Prenons un exemple, propose Gilles Bonnefond, un patient diabétique muni d'une prescription pour six mois honorée il y a peu se présente à l'officine. Ses glycémies ne sont pas bonnes malgré le traitement, ou parce que le patient n'est visiblement pas très observant. Dans une zone marquée par la désertification médicale, ou simplement parce que le malade a du mal à se déplacer, l'officinal doit pouvoir contacter le médecin traitant pour demander un avis médical. » Du temps et de l'argent seront ainsi économisés, résume-t-il.
Sécuriser les patients les plus fragiles
Autre situation, autre contribution pour le pharmacien, certaines situations d'urgences peuvent être « traitées » dans une officine équipée, explique le président de l'USPO. Un patient se présente à la pharmacie avec un sentiment de faiblesse cardiaque : le pharmacien doit pouvoir le prendre en charge au sein d'une espace dédié et équipé d'un électrocardiographe. L'électrocardiogramme sera transmis en direct à un cardiologue qui livrera alors la marche à suivre. « Il s'agit de faire des officines situées dans les déserts médicaux, des postes avancés de soins », propose Gilles Bonnefond.
Rendre plus efficient le système de soins, sécuriser les patients les plus fragiles tout en faisant jouer la coordination des soins, telle est la stratégie affichée de l'USPO sur le dossier de la télémédecine. Pour Gilles Bonnefond, le PLFSS pour 2018, et notamment ses articles 35 et 36 ont donné l'impulsion nécessaire au décollage de la télémédecine à l'officine. Reste toutefois à régler l'épineuse question de la rémunération…