Plus sobres que par le passé, économies obligent, les 500 stands présents cette année à Munich, où vient de se tenir Expopharm, sont les témoins des évolutions du monde de l’officine. Si l’on y croise moins de grands laboratoires qu’autrefois, on y rencontre à l’inverse de plus en plus de sociétés espérant répondre aux préoccupations immédiates des pharmaciens, notamment en matière de gestion.
L’une d’entre elle, la société « Go », se propose même d’aider les pharmaciens « à se libérer de leurs chaînes », financières comme administratives, et les aide à réorganiser leur officine, en prélevant une commission de 25 % sur les économies qu’elle leur aura fait réaliser. Les agenceurs et décorateurs, les fabricants d’automates et de conditionnements, les centres de gestion et, bien entendu, de nombreux laboratoires d’OTC (voir encadré), dominent les stands du salon. Mais d’autres exposants, moins spécialisés, trouvent eux aussi des nouveaux débouchés grâce aux pharmacies. Ainsi par exemple, bien que l’Allemagne n’ait pas interdit les sachets en plastique, les pharmaciens sont de plus en plus nombreux à se tourner volontairement vers les sacs en papier. La société « Tütle » (le petit sac) leur propose désormais des sacs en papier illustrés, avec des logos personnalisés, et rencontre d’autant plus de succès, selon son responsable, que les dessins représentent des pharmacies au cœur d’une ville, « illustrant un commerce de proximité à l’opposé de la vente par Internet », qui correspond parfaitement à l’image des pharmacies.
Mais l’officine allemande, au-delà des clichés « coucou de la Forêt-Noire », sait aussi véhiculer un look plus décalé : le Prix du préparateur de l’année 2016 a ainsi été délivré à un jeune Berlinois, chanteur dans un groupe de hard rock et tatoué de la tête aux pieds, salué non seulement pour ses compétences professionnelles, mais aussi pour son sens de l’accueil à l’officine, « qui lui fait recevoir chaque client comme s’il s’agissait d’un membre de sa famille ».
Podium « Pharma World »
Au cœur de l’une des trois halles d’Expopharm, le podium « Pharma World » fait alterner, du matin au soir, conférences et débats thérapeutiques et professionnels. Cette année, les orateurs ont rappelé aux officinaux les enjeux économiques et professionnels des délistages qui, selon eux, constituent le meilleur moyen de consolider la place de la pharmacie dans la société. Comme le relève l’économiste Uwe May, la sécurité du médicament est comme un pont à trois arches, constituées par l’AMM, la prescription et le monopole. Si on enlève une arche, la prescription, il est indispensable de renforcer les deux autres, et les pharmaciens ont donc tout intérêt à la poursuite de la politique des switchs. De plus, chaque euro dépensé par un patient en médicament OTC permet à la collectivité d’économiser 17 euros en frais de médecin et de médicaments prescrits : c’est cette rentabilité de l’officine qu’il faut mieux faire connaître, soulignent les économistes, rappelant une fois encore que « le renforcement des responsabilités et des compétences sont les meilleurs arguments des pharmaciens ».
Plusieurs autres débats et tables rondes, très suivis, ont abordé notamment « la manière de communiquer malgré ou avec Dr Google », le développement des médicaments biosimilaires, ainsi que des sujets de comptoir comme les affections ORL ou gastro-intestinales.