LORSQU’ISABELLE GEILER, adjointe à la pharmacie Béniac et Labbé à Haubourdin, a voulu allaiter son petit garçon, elle s’est très vite rendu compte que c’était « loin d’être simple ». « Auparavant, les femmes apprenaient à leur fille à allaiter, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les jeunes femmes se retrouvent donc assez démunies quand elles souhaitent allaiter. Pour ma part, je cherchais un professionnel de santé formé sur la question, mais je n’en ai trouvé qu’un dans toute l’agglomération lilloise ! », se souvient-elle. Par la suite, la jeune femme a voulu partager son expérience avec d’autres femmes. Avec l’accord de ses titulaires, elle a donc commencé par une formation de toute l’équipe de la pharmacie sur l’allaitement maternel. Puis, elle s’est employée à rédiger des fiches conseil pour les patients, à remettre pendant la grossesse, à la sortie de la maternité et lors de la location de tire-lait. « Ces fiches ont eu un succès impressionnant, grâce au bouche-à-oreille, raconte Isabelle Geiler. Face à l’ampleur du phénomène, nous avons souhaité travailler avec d’autres professionnels, car nous étions parfois dépassés par certains cas. Nous avons fini par trouver le réseau Ombrel (Organisation mamans bébé de la région lilloise) ».
Des cours sur l’allaitement pour les étudiants
« Nous avons sollicité ce réseau au bon moment, car ils venaient de lire la thèse d’une étudiante en sixième année de pharmacie sur la promotion de l’allaitement maternel à l’officine, explique Isabelle Geiler. Nous étions les premiers pharmaciens à les contacter et ils nous ont très bien accueillis ». L’équipe de la pharmacie a donc assisté aux réunions sur l’allaitement proposées par le réseau, composé de divers professionnels de santé : pédiatres, sages-femmes, etc. « Ils ont vu que nous étions motivés, même si au début nous avons subi des critiques sur nos confrères pharmaciens et sur leurs erreurs dans la prise en charge des femmes qui allaitent. Il est vrai que nous n’avons eu aucun cours sur l’allaitement à la fac, alors que les patientes nous posent beaucoup de questions au comptoir. »
Le réseau a relu et validé les fiches élaborées par Isabelle Geiler. Quant à cette dernière, elle s’est inscrite à un DIU de lactation humaine à la faculté de médecine de Lille, qui commencera en novembre 2011. « Lorsque je serai diplômée, je souhaiterais proposer à la faculté de donner des cours sur l’allaitement aux étudiants de la filière officine », envisage-t-elle. Elle aimerait aussi convaincre d’autres pharmaciens de s’investir dans ce domaine. « Nous avons beaucoup gagné en développant cette activité. Outre la fidélisation des clientes, qui reviennent ensuite pour leurs enfants, nous vendons beaucoup d’accessoires pour l’allaitement : brassières, compresse hydrogel, etc. Nous avons aussi multiplié par deux nos locations de tire-lait, détaille-t-elle. Les pharmaciens sont dans une période où ils cherchent de nouvelles missions. La prise en charge de l’allaitement en est une toute trouvée ! », conclut-elle.