COMME l’an passé, c’est le directeur de la Sécurité sociale, Thomas Fatome, qui a transmis la parole de la ministre de la Santé aux pharmaciens, absente une nouvelle fois au grand rendez-vous professionnel. Une absence remarquée et peu appréciée des organisateurs (voir encadré). Pourtant, Marisol Touraine ne semble pas avoir la profession dans le collimateur. Bien au contraire. Pour elle, ils ont même un rôle majeur à jouer dans la stratégie nationale de santé qu’elle vient de présenter. « Si vous êtes déjà en première ligne pour conduire des actions de santé publique, je vais vous donner les outils pour vous permettre de franchir une nouvelle étape », poursuit la ministre. Aussi invite-t-elle les organisations syndicales à avancer sur le dossier de la rémunération afin que celle-ci ne soit plus entièrement liée aux produits de santé. Une nouvelle réunion avec l’assurance-maladie est d’ailleurs prévue le 13 novembre prochain. Une réunion à l’issue de laquelle la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) pourrait bien trouver un accord avec l’assurance-maladie. Même s’il considère qu’il y a lieu d’améliorer la proposition de la CNAM instaurant un honoraire à la boîte d’un euro associé à un honoraire de 0,50 euro pour la dispensation des ordonnances de 5 lignes et plus, car elle est encore trop liée aux volumes de médicaments délivrés, le président de la FSPF, Philippe Gaertner, a en effet annoncé ce week-end à Lyon qu’il « n’exclut pas de signer seul » l’avenant introduisant un nouveau mode de rémunération.
Dans son message, la ministre de la Santé est également revenue sur l’expérimentation de la dispensation à l’unité en officine. « Aujourd’hui, un médicament sur deux remboursé n’est pas consommé, justifie Marisol Touraine. Dans le même temps, beaucoup de patients pratiquent l’automédication et conservent leurs médicaments en vue de les réutiliser. »
En ce qui concerne le volet « maîtrise des dépenses », elle ne nie évidemment pas qu’une partie importante de ces économies porte sur les produits de santé. « Je mesure l’impact de ces mesures sur l’économie de l’officine, j’y suis très attentive », assure-t-elle, tout en reconnaissant que les pharmaciens participent directement à cet effort global de maîtrise des dépenses, via la substitution générique. « Cette politique est gagnant-gagnant dans le sens où elle bénéficie également aux pharmaciens », souligne la ministre, rappelant que, au titre de l’année 2012, les officinaux ont perçu une rémunération de l’ordre de 80 millions d’euros. Consciente des enjeux pour le réseau, Marisol Touraine déclare vouloir sécuriser l’économie du générique et construire un cadre plus transparent notamment sur les remises, « Plus transparent et plus adapté, avec un plafond de 17 % qui va évoluer conformément aux amendements votés. C’est un signal clair que nous sommes à l’écoute de vos représentants, dans une démarche de dialogue », affirme-t-elle.