L’infarctus du myocarde reste grevé d’une mortalité de 4 % à 30 jours. De nombreuses voies de recherche sont explorées pour réduire cette mortalité, et ce à toutes les phases du continuum ischémie, reperfusion, remodelage.
« La mort cellulaire évolue à partir du début de l’occlusion coronaire », a rappelé le Pr Renaud Tissier.
80 % du territoire ischémié est infarci dans les 6 heures qui suivent l’occlusion. Passé ce délai, la revascularisation perd de son efficacité, avec toutefois une variabilité interindividuelle.
Si la reperfusion joue un rôle majeur pour réduire la taille de l’infarctus, elle n’est pas suffisante et est elle-même responsable de lésions au niveau cellulaire et moléculaire, qui entraînent une dysfonction endothéliale et favorisent l’ouverture du pore de transition mitochondrial. « Plusieurs approches de cardioprotection sont développées », a indiqué le Dr Benoît Lattuca : médicamenteuses, avec des candidats comme la ciclosporine, l’EPO ou les bêtabloquants, et instrumentales. Le post-conditionnement a montré son intérêt dans plusieurs études et cinq essais sont en cours pour évaluer le post-conditionnement à distance.
Cicatrisation-remodelage
La première phase de la période de cicatrisation-remodelage, de J0 à J3 est une phase d’inflammation, durant laquelle sont libérées de nombreuses cytokines par les cardiomyocytes et par la matrice. Les fibroblastes établissent une réponse immune immédiate en réponse à la nécrose des cardiomyocytes qui libèrent de l’interleukine-1-alpha. Les cytokines recrutent des effecteurs cellulaires, polynucléaires, monocytes et macrophages inflammatoires. Le recrutement de lymphocytes B amplifie la réponse initiale monocytaire. La deuxième phase, de J3 à J7, est celle de la prolifération, caractérisée par le recrutement de nouveaux types de monocytes anti-inflammatoires, suppresseurs-réparateurs. Les macrophages passent d’inflammatoires à anti-inflammatoires selon des mécanismes mal connus. Interviennent ensuite une efferocytose et la production de cytokines anti-inflammatoires, puis la transdifférenciation des fibroblastes en myofibroblastes et enfin une angiogenèse.
Puis, entre J7 et J30, ces mécanismes disparaissent pour laisser la place à la fibrose. « Toute dysrégulation au cours de ces phases entraîne une dysfonction et un remodelage ventriculaire », a insisté le Pr Lucas Liaudet, avant de souligner que toutes ces étapes constituent autant de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles.