C’EST UN trompe l’œil. Même si la marge de l’officine augmente en pourcentage, elle stagne en valeur, alors même que les charges d’exploitation augmentent, analyse Philippe Becker, expert comptable chez Fiducial. « Les chiffres de trésorerie de septembre ne sont pas bons, observe-t-il. La situation est catastrophique. Certaines pharmacies vont disparaître. » Lesquelles ? « Les petites officines dans leur ensemble, rurales ou de centre-ville », répond Philippe Becker. Mais, selon lui, des officines arrivent à passer au travers des gouttes : les pharmacies de centre commercial ou les grosses officines de bourg.
Pas d’accord, Claude Baroukh, secrétaire général de la FSPF, estime que les petites officines sont parfaitement viables. Le problème : la désertification médicale, liée à une mauvaise répartition des médecins en France. « L’ensemble des pharmacies plongent et la situation de certaines se dégrade plus vitre que d’autres », tient à rectifier Gilles Bonnefond, président de l’USPO.
Autre phénomène, le poids de plus en plus important des génériques dans l’économie des officines, comme le rappelle Philippe Gaertner. « Il faut trouver des équilibres pour revenir à quelque chose qui correspond mieux à la relation entre activité de l’officine et la part dans la rémunération », estime le président de la FSPF. Gilles Bonnefond pense, lui, qu’il ne faut pas dire que l’économie ne peut pas reposer sur le générique, car ils vont devenir la majorité des médicaments dispensés à l’officine. Avis partagé par Stéphane Joly, vice-président du Gemme chargé des Affaires publiques, réglementaires et juridiques. « Aujourd’hui, les médicaments génériques représentent 32 % des médicaments en volume, indique-t-il. Leur part va atteindre 50 %, voire 70 %-75 %. » Selon lui, l’officine doit se préparer à des changements. « La notion d’enseigne va s’accélérer », augure-t-il. Le vice-président du Gemme se demande aussi si l’espace de vente des pharmacies ne devrait pas accueillir de nouveaux produits. « N’est-il pas temps d’élargir l’activité du monde officinal en France ? » interroge-t-il. « Dans les années 1970, on nous avait dit de développer de nouveaux marchés et nous avons augmenté l’espace de vente avec la parapharmacie, rappelle Gilles Bonnefond. Or cela a dégradé l’image de l’officine. Il nous a fallu remonter la pente. » Pour le président de l’USPO, il n’y a pas d’intérêt à se diversifier pour vendre n’importe quoi, y compris des cigarettes électroniques.