Le recours, à large échelle, à la vaccination contre les grands pathogènes des voies respiratoires, notamment le virus de la rougeole, Hæmophilus influenzae de type b (Hib), le pneumocoque et Bordetella pertussis, s’est traduit par une nette baisse de l’incidence, de la sévérité et de la mortalité liées à ces infections. Entre 2000 et 2010, la baisse d’incidence est globalement estimée à 25 % dans les pays de niveau économique faible ou moyen. Pour le Hib, les données combinées de 6 études rapportent une réduction de 18 % des pneumonies radiologiques, de 6 % des formes sévères et de 7 % de la mortalité associée.
Pour les infections à pneumocoques, ces baisses sont respectivement de 29 %, 11 % et 18 %. L’effet protecteur du vaccin pneumococcique conjugué s’est exercé au-delà de la population cible, chez les enfants plus grands qui n’avaient pas été vaccinés, grâce à la baisse du portage nasopharyngé des sérotypes responsables d’infections pulmonaires chez les sujets vaccinés. En phase avec ce constat, l’effet bénéfique de la vaccination pneumococcique s’est aussi traduit par une baisse importante des pneumonies chez les adultes, en particulier les plus âgés. Parallèlement, les infections à pneumocoques résistants aux antibiotiques ont chuté. La surveillance sur l’émergence éventuelle de sérotypes de remplacement se poursuit.
Enfin, la vaccination pneumococcique est également associée à une diminution des hospitalisations pour infections pulmonaires virales, suggérant que les interactions entre virus et bactéries sont à l’origine d’infections plus sévères. Une étude sud-africaine ayant fait suite aux programmes de vaccination avec le vaccin à 9 valences avait mis en évidence une baisse d’un tiers des hospitalisations pour pneumonie d’origine virale chez les enfants vaccinés, à l’instar de ce qui avait été déjà rapporté aux États-Unis : chaque hausse de 10 % de la couverture vaccinale chez les enfants avait été associée à une réduction de 40 à 50 % des hospitalisations pour pneumonies virales.
Récemment, une résurgence des cas de pneumonies liées à la coqueluche a été observée dans la population pédiatrique, témoignant sans doute d’un défaut de vaccination et du déclin de l’immunité avec le temps chez les adultes vaccinés, qui constituent le réservoir. Des stratégies de rappel sont proposées, notamment chez les adolescents et les adultes.
Malgré tous ces progrès, les enfants de moins de 6 ans paient toujours un lourd tribut à ces infections, sans oublier les autres pathogènes comme M. tuberculosis, retrouvé en culture dans de 7 à 8 % des pneumonies aiguës, et le virus respiratoire syncytial (VRS).
Immunisation des femmes enceintes ?
Plusieurs voies sont explorées pour développer de nouveaux vaccins contre le VRS : vaccin sous-unitaire F pour l’immunisation des femmes enceintes, virus vivant atténué et à vecteurs adénovirus pour celle des enfants, anticorps monoclonal contre la protéine F pour celle des nouveau-nés. Différentes études sont en cours.
La voie de l’immunisation des femmes enceintes pour protéger les nourrissons au cours des premiers mois de la vie fait son chemin également pour Bordetella pertussis, le VRS et le virus de la grippe. Un essai contrôlé randomisé a rapporté une efficacité de 50 % avec le vaccin antigrippal et on attend les résultats d’un essai de phase 3 avec un vaccin anti-VRS.
18e Congrès international de pneumologie pédiatrique à Chiba-Tokyo (Japon) du 27 au 30 juin 2019.
Session plénière "Vaccines to prevent childhood pneumoniae: impact on child health". D'après Heather J. Zar, Cape Town, Afrique du sud.