Les séances de négociations s’enchaînent à raison d’une séance par semaine. Pour l’heure, elles se déroulent « dans un climat de travail, dans une ambiance sereine », indique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), lors d’un débat organisé par le « Quotidien » dans le cadre du dernier salon PharmagoraPlus.
« Le climat des discussions est bon », estime également Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Le directeur général de l’assurance-maladie, Nicolas Revel, a compris l’intérêt de faire évoluer notre métier », ajoute-t-il.
Ces négociations interviennent en pleine campagne électorale. Pour autant, « les options prises dans cette nouvelle convention ne choquent pas les candidats à l’élection présidentielle », assure Gilles Bonnefond (voir également ci-dessous). Un bémol toutefois : syndicats d’officinaux et assurance-maladie ne partagent pas, pour le moment, le constat économique. Selon les représentants de la profession, l’analyse de la rémunération des pharmaciens ne doit pas intégrer, comme semble le souhaiter l’assurance-maladie, les revenus liés aux ventes de parapharmacie et de produits non remboursables, ainsi que le CICE. L’enjeu est de taille, car il faudra bien se mettre d’accord sur les paramètres à observer qui serviront de base pour réajuster, si besoin, la rémunération des officinaux pendant les cinq prochaines années.
Jusqu'à 75 % d'honoraires
Quoi qu’il en soit, tout devrait être bouclé pour la mi-avril. Plutôt qu’un nouveau texte, on s’oriente vers un avenant à la convention de 2012, ce qui permet aux partenaires conventionnels de se donner davantage de temps pour négocier. Ce qui ne veut pas dire que la réforme engagée ne sera pas importante. Notamment en ce qui concerne la part des honoraires dans la rémunération. Aujourd’hui, les honoraires représentent 53 %, contre 47 % pour la marge commerciale. L’objectif de Nicolas Revel serait que les honoraires représentent d’ici à cinq ans, « entre deux tiers et trois quarts de la rémunération », explique Philippe Gaertner. Pour y parvenir, plusieurs pistes sont à l’étude (voir encadré). Mais attention, prévient le président de la FSPF, l’évolution de la rémunération ne peut être nulle jusqu'en 2022. « Au travers de cette évolution, une partie doit correspondre à une transformation de la marge et une autre à une négociation conventionnelle afin de donner des perspectives à la profession pour assumer des missions, insiste-t-il. Nous devons retrouver une progression permettant de faire fonctionner l’entreprise officinale. » « Les nouvelles missions ne doivent pas être payées sur la part de marge transformée », précise encore Gilles Bonnefond.
Plus largement, les syndicats fixent un préalable à la signature de la nouvelle convention : la conclusion d’un contrat sur cinq ans avec l’assurance-maladie et l’État. « C’est la garantie pour réussir cette réforme, pour neutraliser les effets extérieurs, comme les baisses de prix, et de nous permettre d’avoir des évolutions positives », explique Gilles Bonnefond. « Nous avons en effet besoin d’un accord qui soit aussi partagé par l’État, notamment parce qu’il pilote encore la partie de notre rémunération liée à la marge », souligne Philippe Gaertner. Mais la nouvelle rémunération ne devrait pas se mettre en place avant début 2018. Aussi, Gilles Bonnefond réclame dès à présent « un ballon d’oxygène ». Concrètement, il demande une hausse du plafond des remises de 40 à 50 %, la sortie de médicaments onéreux de la réserve hospitalière et la révision de la marge appliquée à ces médicaments (actuellement 0 % pour la partie du prix supérieure à 1 500 euros). Enfin, les syndicats plaident pour l’abandon des grands conditionnements. « Si les deux syndicats s’entendent, nous arriverons à obtenir des avancées, affirme Gilles Bonnefond. Nous faisons tout pour avoir un projet commun. »