Éviter la chimiothérapie et ses terribles effets secondaires pour traiter certains cancers devient de plus en plus possible. Ainsi en témoignent plusieurs études présentées au congrès de la Société américaine d'oncologie clinique (ASCO) qui se déroule à Chicago du 1er au 5 juin 2018.
La première bonne nouvelle concerne les femmes ayant eu un cancer du sein. Jusqu'à 70 % d'entre elles peuvent éviter la chimiothérapie, et se contenter de l’hormonothérapie habituellement prescrite après ablation de la tumeur. En effet, actuellement, les femmes qui ont été opérées pour un cancer du sein réalisent un test génétique évaluant le risque de récidive. Ce test donne un score, entre 0 et 100. La chimiothérapie est conseillée au-dessus de 25. En dessous de 10, elle ne l'est pas. Ce qui pose un dilemme aux femmes situées dans la zone grise, entre 11 et 25. Mais une étude conduite auprès de 10 000 patientes a montré que pour ces femmes-là, après neuf ans de suivi, la chimiothérapie n'apportait rien. Le dilemme est donc levé. « Cette découverte aura un impact énorme sur les médecins et les patients : nous allons faire reculer les thérapies toxiques ! », souligne Kathy Albain (cancérologue, Chicago), coauteure de l'étude.
Une autre étude a montré l’intérêt des tests génétiques sur des tumeurs pulmonaires les plus courantes. Si certaines mutations sont détectées, on peut alors prescrire une immunothérapie ciblée - en l’occurrence le pembrolizumab (Keytruda) dans l’étude - au lieu de la chimiothérapie. Avec le Keytruda, le taux de survie est meilleur (4 à 8 mois supplémentaires), avec moins d’effets secondaires (18 % contre 41 % dans le groupe standard).
Enfin, un travail de grande envergure mené sur divers cancers avancés (sein, poumon, gastro-intestinal) a prouvé que les tests génétiques suivis d'un traitement ciblé amélioraient significativement la durée de survie des patients par rapport aux traitements traditionnels. En moyenne, les thérapies ciblées augmentent de neuf mois la durée de survie des patients, contre 7,3 mois pour les traitements habituels. La méthode, n’est pas miraculeuse, mais elle s'améliore d'année en année et « à l'avenir, le test génétique des tumeurs et les analyses d'ADN deviendront la norme au moment du diagnostic », espère Catherine Diefenbach (cancérologue, New York).
Avec cette succession d'essais cliniques, c'est tout le modèle de traitement du cancer qui est bouleversé. « Nous sommes en train de quitter l'ère où la seule solution était la chimiothérapie », s'est réjoui John Heymach (cancérologue, Texas).
Avec AFP.