L’INTRODUCTION progressive de l’honoraire dans la rémunération du pharmacien est une grande victoire aux yeux du président de l’Association de pharmacie rurale (APR). « La marge liée au nombre de boîtes vendues a eu sa raison d’être. Il fallait que nos actes de délivrance et de conseil ne soient pas seulement appréciés mais qu’ils accèdent à une reconnaissance, à un statut intellectuel comme c’est le cas pour un médecin ou un avocat. Je me réjouis que ce congrès de Bordeaux marque l’an I de cette transformation. » L’avenir des officines rurales semble désormais moins obstrué, avec un exercice qui, demain, sera « fait de délivrance, de conseil, d’assistance au lit du malade et de la prise en compte de la dimension sociétale de la maladie. Une évolution vitale pour nombre de petites officines rurales qui voient ces nouvelles fonctions comme le noyé regarde une bouée. »
Néanmoins, la disparition annoncée de centaines, voire de milliers de petites officines rurales, à la suite du départ du dernier prescripteur, reste une réalité, se désole Benoît Thiébaut. Les maisons médicales, si elle pérennise une présence de professionnels de santé dans les campagnes, condamneront forcément les officines les moins proches. « L’APR propose, pour les pharmacies qui perdent leur dernier prescripteur dans leur zone de chalandise, qu’un honoraire spécifique leur soit attribué. Honoraire qui pourrait entrer dans le nouveau champ de compétence de la convention pharmaceutique et qui permettrait à un professionnel de santé de poursuivre son rôle de santé publique. Cet honoraire permettrait de préserver le maillage officinal en milieu rural, de garantir l’accès aux soins à des populations déjà privées de nombreux autres services et peut-être de redonner l’envie à d’autres professionnels de santé de revenir sur ces zones. » Une demande rejetée par Xavier Bertrand lors du congrès, qui s’est dit cependant « pas fermé à une dimension d’aménagement du territoire dans la convention ». Benoît Thiébaut reste toutefois confiant : « vous pouvez compter sur l’APR et sur toutes les instances professionnelles pour faire entendre votre voix auprès des candidats, qu’il s’agisse des élections présidentielles ou des élections législatives. Car c’est à force de répéter que l’on finit par convaincre. »