LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Quel bilan tirez-vous de cette première année passée à la tête de l’APR ?
ALBIN DUMAS.- Ce début de mandat a été à la fois compliqué et intense car la problématique de la rémunération des pharmaciens était présente dans tous les esprits. Et pour les pharmaciens ruraux, il était indispensable que les avancées obtenues par les syndicats représentatifs – et en particulier par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) – deviennent réalité. C’est une première étape importante, mais qui devra être suivie d’autres mesures pour que le quotidien des pharmacies de proximités soit correctement pris en compte.
Comment entendez-vous obtenir une juste prise en compte des problématiques des pharmacies de proximité ?
Nous souhaitons nous appuyer sur l’observatoire de la FSPF pour faire comprendre aux autorités de tutelle et à l’assurance-maladie que les pharmacies de proximité sont confrontées à des problématiques spécifiques. Mais le message semble être déjà partiellement passé puisque, dans ses analyses microéconomiques, l’assurance-maladie distingue désormais différents types de pharmacies (rurales, rurales profondes, rurbaines…) afin de mieux prendre en compte les spécificités des pharmacies rurales.
Les maisons de santé pluridisciplinaire peuvent-elles constituer une solution pour les pharmaciens ruraux ?
Il faut bien évidemment rester prudent, car les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) vivent essentiellement de subventions. L’APR reste néanmoins convaincue que le phénomène des MSP va se poursuivre et s’amplifier et que les pharmaciens ruraux ont tout intérêt à s’inscrire dans ce mouvement afin de s’intégrer physiquement ou virtuellement. À charge pour chaque officinal concerné d’opter pour la solution la plus adaptée à sa situation. J’ajouterai, en outre, que cette évolution devrait contribuer au développement de l’interprofessionnalité qui est au cœur de la réflexion de l’APR car elle contribue à améliorer la qualité des soins. Nous soutenons d’ailleurs sans ambages le principe d’exercice coordonné, tel qu’il a été formalisé dans la stratégie nationale de santé et qui est désormais promu par les agences régionales de santé (ARS).
Ne serait-il pas opportun de modifier la loi de répartition ?
Au risque de remettre en cause l’équilibre démo géographique actuel, il est extrêmement dangereux de toucher à la loi de répartition. À l’instar de la décision prise contre le transfert de la pharmacie d’Olette (Pyrénées-Orientales), l’APR entend néanmoins soutenir quelques transferts nationaux d’officines qui pourraient contribuer à préserver une offre de soins dans certains villages isolés. Et je me veux confiant, car les pouvoirs publics semblent enfin sensibilisés aux problèmes posés par la loi de répartition.
Cette sensibilisation est-elle également vraie pour le médicament vétérinaire ?
Malheureusement non ! Depuis la loi de 1975, ce dossier patine, alors même que la solution semble évidente : dans le domaine animal, comme dans le domaine humain, le pharmacien est et doit rester le gardien des poisons. C’est la voie de la sagesse à l’heure où le changement de modèle de l’élevage industriel risque de provoquer des catastrophes sanitaires ! C’est d’ailleurs ce constat qui avait incité la Commission européenne à préconiser le découplage entre prescriptions et délivrance des antibiotiques dans le cadre du plan antibiorésistance. L’APR va donc continuer à défendre cette approche auprès des représentants des tutelles afin que les animaux de rente et les animaux domestiques ne puissent porter préjudice à la santé des Français. Mais face aux nombreux lobbies actifs dans ce secteur, il s’agit clairement d’un combat de tous les instants*.