Après la baisse historique d’un million de fumeurs entre 2016 et 2017, la prévalence du tabac continue de reculer, avec 600 000 fumeurs en moins entre 2017 et 2018 (lire notre article « abonné »). La politique de « dénormalisation du tabac » fait son œuvre, mais des inégalités sociales persistent et les décès attribuables au tabac restent importants.
À l’occasion de la journée mondiale sans tabac, qui se tient vendredi 31 mai, l’agence Santé publique France publie aujourd’hui les derniers chiffres officiels dans son « bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH). Pour François Bourdillon, directeur général de l’agence, la France peut se réjouir de l’impact des politiques de lutte contre le tabagisme mises en place ces dernières années. L’augmentation régulière du prix du tabac, l’instauration du paquet neutre, le remboursement classique des substituts nicotiniques, et les opérations comme le Moi(s) sans tabac ont permis d’enregistrer une baisse de 1,6 million de fumeurs en moins de deux ans (-12 %). Santé publique France souligne par ailleurs le succès de la cigarette électronique, devenue l’outil d’aide au sevrage le plus utilisé par les Français pour arrêter de fumer.
De bons résultats qui ne doivent pas voiler le taux de prévalence élevé du tabagisme quotidien de la France en 2018 : 25,4 % (-4 points en 2 ans) des 18-75 ans (28,2 % des hommes, 22,9 % des femmes). Un taux qui atteint les 32 % lorsqu’on inclut les fumeurs occasionnels (35,3 % des hommes, 28,9 % des femmes).
De plus, cette prévalence est très différenciée dans la population : 19,4 % chez les diplômés et 28,2 % chez les niveaux bac ou inférieur. Les chômeurs sont les plus touchés (39,9 %). Plus le revenu augmente, moins la prévalence du tabagisme est élevée. Cependant, ces inégalités ne se creusent plus depuis deux ans.
Le nombre de décès attribuables au tabagisme, dont les dernières données datent de 2015, s’élève encore à 75 320 (55 420 hommes et 19 900 femmes), soit environ 13 % de l’ensemble des décès. Entre 2000 et 2015, on note un infléchissement du nombre des décès attribuables au tabagisme chez les hommes (-11 % en 15 ans) alors que chez les femmes, il a été multiplié par 2,5. La baisse de la prévalence depuis 2016, même si elle se poursuit, n’aura pas d’impact sanitaire immédiat, précise Santé publique France, « en raison de la période de latence qui sépare la consommation tabagique de la survenue des maladies et de la persévérance d’un risque élevé pour certaines maladies, même chez les anciens fumeurs ».