* Si le temps c’est de l’argent, demain, pour Rob Hart (« MotherCloud », bientôt au cinéma), ce sera beaucoup d’argent. En 2072, au « Paradox Hotel », on peut voyager dans le passé. Un divertissement très prisé des gens fortunés, bien qu’il ne soit pas sans risque pour le cerveau, que des milliardaires veulent s’accaparer. Le tourisme spatio-temporel n’est-il qu’une nouvelle manne, ou l’occasion de réécrire l’Histoire ? (Belfond, 396 p., 22 €)
* Xavier Müller clôt sa trilogie « Erectus », dans laquelle une partie des hommes ont régressé à l’état préhistorique, avec un regain d’imagination. Après un virus, les gènes sont au cœur de l’intrigue d'« Erectus, le dernier hiver », qui a pour thème la superrégression : une pandémie où le temps s’inverse et remonte aux origines, effaçant l’évolution. Docteur es Sciences, l’auteur détaille les cataclysmes qui en découlent ainsi que le réveil des gènes qui provoquaient l’hibernation de nos ancêtres préhistoriques. Seul espoir : chercher dans les époques éloignées un enfant sauvage porteur de l’ADN salvateur de l’Humanité. (XO, 392 p., 20,90 €)
* L’Antarctique encore, mais aussi la Nouvelle-Zélande, soufflent le chaud et le froid dans le nouvel opus de René Manzor (« Celui dont le nom n’est plus », « Apocryphe », « À vif »). Au Pôle Sud, un glaciologue venu rejoindre une base scientifique la découvre entièrement détruite, l’équipe disparue sans laisser de trace. Dans les rues de Christchurch, l’enfant du scientifique, qui était porté disparu trois ans auparavant, est sauvé d’un tueur armé. « Du fond des âges » offre une nouvelle lecture des dangers du permafrost, quand une bactérie venue du fond des temps influe sur la nature de l’homme. (Calmann-Lévy, 414 p., 20,90 €)
* L’Américain T.C. Boyle est à la tête d’une œuvre riche de nombreuses nouvelles et d’une vingtaine de romans, susceptible selon lui de favoriser une prise de conscience chez ses lecteurs. Ainsi de « Parle-moi », dont le héros est Sam, un chimpanzé de laboratoire choyé, initié à la langue des signes, dont on veut se débarrasser puisqu’il est dit maintenant que seuls les humains peuvent apprendre le langage. Comment Sam va-t-il réagir quand sa « nounou » va le libérer ? La question de la frontière entre l’humain et l’animal est posée ici entre tragédie et comédie. (Grasset, 416 p., 25 €)
* Biologiste et auteur de films documentaires, Tom Mustill a transformé une rencontre presque mortelle avec une baleine en un travail quasi obsessionnel sur la communication avec les cétacés. « Comment parler baleine » résulte de ses entretiens avec des dizaines de spécialistes de l’intelligence artificielle qui travaillent sur la communication animale, au terme desquels il estime que, dans un avenir très proche, nous parlerons baleine. (Albin Michel, 404 p., 22,90 €)
* Marc-Uwe Kling, qui cumule les casquettes d’auteur-compositeur-interprète, cabarettiste et écrivain, a connu un tel succès avec sa satire dystopique « Quality Land », qu’il enfonce le clou avec un « Quality Land 2.0 », dans la même veine d’humour noir, sur un monde – tellement proche du nôtre – dominé par les algorithmes et les robots. Une sonnette d’alarme bis. (Actes Sud, 432 p., 23,80 €)
* Imaginer que le célèbre philosophe et mathématicien Ludwig Wittgenstein, décédé en 1951, sonne à la porte d’un de ses disciples, est absurde ; qu’il n’a de cesse de réclamer du lait à son hôte, qui, depuis vingt ans, étudie un seul paragraphe du «Tractatus logico-philosophicus », est absurde. C’est pourtant le point de départ, de « Ludwig dans le living », un drôle de polar métaphysique signé Théo Bourgeron, sociologue de la finance et auteur de « Nougats ». Et l'on découvre que Wittgenstein est revenu pour dévorer tout ce qui passe à sa portée, les objets puis les personnes… Cela dans l’indifférence générale du monde semi-apocalyptique de 2032, que l’auteur décrit comme un possible prolongement de notre société décadente. (Gallimard, 212 p., 19 €)
* Thierry Cara a remporté à 17 ans le prix de la jeune poésie française. « Le Chant des particules » est son premier roman publié, une épopée humaine entre quête spirituelle et aventures spatio-temporelles. En 2372, la Terre dévastée et aride est en fin de vie, sous l’emprise politique d’un gouvernement yogique, des privilégiés étant abrités sous une bulle tandis que les pauvres survivent à l’extérieur. Un commandant de vaisseau est rappelé d’urgence de l’espace, comme s’il était indispensable à la survie de l’humanité ; il ignore que l’esprit quantique souffle en lui. Dans le même temps, le bloc minéral baptisé Oumuamua (découvert en 2017), fait de particules conscientes et chantantes, se dirige vers la Terre. (Black Coat Press, 364 p., 25 €)