« Un épisode sévère de Covid a des complications extrêmes qui n'étaient pas connues auparavant. La prévention des épisodes graves est donc d'une importance cruciale, alors que le Covid peut avoir un effet majeur sur les patients, même après qu'ils se sont remis de l'épisode initial de l'infection », indique au « Quotidien » Arch Mainous, de l'université de Floride, premier auteur de l'étude. Et de souligner que la vaccination est « exceptionnellement efficace pour prévenir une hospitalisation ».
L'analyse a porté sur les dossiers de santé électroniques issus du système de santé de l'université de Floride. Au total, 13 638 patients ont été inclus dans cette cohorte : 178 avaient un Covid sévère (avec hospitalisation dans les 30 jours suivant le test positif initial), 246 avaient un Covid léger/modéré et 13 214 étaient négatifs. Sur l'ensemble des individus, 2 686 sont décédés au cours des 12 mois de suivi.
Le risque de mortalité toutes causes à 12 mois était significativement plus élevé chez les patients survivants d'un Covid sévère en comparaison aux personnes négatives (HR = 2,50) et aux patients ayant eu un Covid sans gravité (HR = 1,87). Les patients ayant eu un Covid léger/modéré n'étaient pas associés à risque accru de décès par rapport aux patients négatifs.
De plus, l'étude montre que 79,5 % des décès sont attribuables à des causes autres que respiratoires ou cardiovasculaires. « Ces décès ne sont pas enregistrés comme des décès liés au Covid, car les patients meurent d'autres causes diagnostiquées, mais elles sont probablement liées à des complications de l'épisode infectieux initial et des dommages physiologiques causés à ce moment-là », estime Arch Mainous.
Un risque plus marqué chez les moins de 65 ans
Des analyses par sous-groupes en fonction de l'âge ont aussi été conduites. Chez les moins de 65 ans avec un Covid sévère, le risque de mortalité des patients atteints de Covid sévère était augmenté par rapport aux patients négatifs (HR = 3,33) et aux patients Covid léger/modéré (HR = 2,83). Alors que chez les 65 ans et plus, le risque de mortalité était accru par rapport aux patients négatifs (HR = 2,17) mais pas par rapport aux patients Covid léger/modéré (HR = 1,41). De façon contre-intuitive, l'impact à distance du Covid sévère se révèle ainsi plus marqué chez les moins de 65 ans. Par ailleurs, aucun effet n'a été mis en évidence entre le fait d'avoir eu un Covid léger/modéré et la mortalité, quel que soit l'âge.
Dans la discussion, les auteurs soulignent le fait que la cohorte n'est peut-être pas représentative de la population de patients venant d'autres régions des États-Unis et que l'analyse porte sur la première vague épidémique. « Nos connaissances sur la gestion du Covid ont considérablement augmenté depuis lors, et les résultats identifiés dans cette analyse pourraient être atténués s'ils étaient répétés à une date ultérieure », précisent-ils.
En avril, une étude américaine parue dans « Nature » avait déjà montré que les personnes ayant été infectées par le Covid présentaient un risque accru de développer un large spectre de manifestations cliniques, mais aussi de décès dans les six mois qui suivent la phase aiguë.
« L'avantage de notre étude est un suivi plus long et le fait que tous les patients aient bénéficié d'une RT-PCR, qu'ils soient positifs ou négatifs, souligne Arch Mainous. Certaines études, comme celle-ci, classent toute personne sans diagnostic de Covid comme négative, or nous savons que de nombreuses personnes ont des cas bénins ou asymptomatiques. »