Les nouvelles missions y sont sans doute pour beaucoup dans cet engouement que manifestent les jeunes pour l'installation. « Le métier les passionne, ils veulent s'engager dans les nouvelles missions pour lesquelles ils sont formés à la fac, et ils veulent travailler en réseau, dans les SISA, les CPTS… Et surtout ne plus exercer seuls. Ils veulent s'associer et tout partager », rapporte Joël Lecoeur de son expérience d'expert-comptable au sein du cabinet LLA, membre du réseau CGP.
Ce dernier critère contribue à accentuer la course à la taille. Selon une étude CGP, les officines se sont vendues en moyenne à 1,618 million d'euros en 2020, soit 8,44 % de plus qu'un an auparavant. La taille et bien entendu l'EBE (excédent brut d'exploitation) doivent pouvoir rémunérer deux pharmaciens. De plus, les nouvelles missions, tels les tests antigéniques (TAG), nécessitent des bras et il est préférable d'avoir un adjoint.
Un apport plus restreint
Autre constat, l'apport personnel diminue. De 20 % autrefois, il se situe aujourd'hui plutôt à 15 %. Plusieurs raisons à cela, comme l'analyse Joël Lecoeur. « De plus en plus de cessions se font sous la forme de cessions de parts sociales. Sans compter que les jeunes font de plus en plus appel aux dispositifs de boosters d'apports mis en place par la CAVP, Pharmequity, les grossistes ou les groupements et peuvent par conséquent trouver des solutions et s'installer avec un apport limité. »
Un avenir sous EBE retraité
Le calcul du prix de cession demande quelques éclaircissements, insiste Joël Lecoeur. Car si, rapporté au chiffre d'affaires, le prix en pourcentage (82 % contre 80 % en 2019) augmente, le prix calculé selon le mode de valorisation préféré des experts-comptables, à savoir sur un multiple de l'EBE, reste à 6,78, quasiment stable depuis 2016. « Ce mode de calcul nous semble beaucoup plus juste puisqu'il s'agit d'un EBE retraité, faisant abstraction de la rémunération du pharmacien. Or chacun sait qu'e celle-ci pèse plus lourd dans une officine d'un million de chiffre d'affaires que dans une officine de deux millions d'euros », expose Joël Lecoeur.
Il attire par ailleurs l'attention sur de nécessaires autres « retraitements » de l'EBE liés au Covid. Les tests antigéniques seront par exemple à soustraire des bilans, indique-t-il. Il est hors de question qu'un jeune achète plein pot l'officine avec les TAG ! L'EBE est par conséquent un élément déterminant pour valoriser une officine et il faut que nous raisonnions en ces termes si nous voulons intéresser les jeunes et réussir la transmission intergénérationnelle, plaide Joël Lecoeur.