Les antiques oracles se mettraient-ils à l’heure de l’Intelligence Artificielle ? C’est ce que laisse penser l’ambition de quelques scientifiques danois. Ces derniers prétendent avoir mis au point une « calculette du destin » dopée à l’IA capable de prédire l’heure de votre mort… ou presque. Six chercheurs de l'Université technique du Danemark se sont en effet penchés sur l'espérance de vie humaine en moulinant les données de six millions de Danois (âge, santé, éducation, emploi, revenus et autres événements de la vie). Ils en ont tiré un algorithme, appelé Life2vec. Pas si fantasques que ça, leurs travaux ont été publiés, il y a quelques mois, dans la très sérieuse revue « Nature Computational Science ». L'historique des rendez-vous médicaux, celui des diagnostics, le revenu, la scolarité, l'emploi, le temps de travail… toutes ces informations forment comme une longue phrase qui résume l’histoire d’une vie humaine à une suite d’événements et de circonstances. C’est à partir de l’analyse de ces vies retranscrites en séquences d’événements que les prédictions ont été faites.
Et c’est en assimilant toutes ces données, que Life2vec a été capable de prédire correctement, dans 78 % des cas, les morts survenues jusqu’en 2020 – c’est-à-dire au cours des quatre premières années de l’étude. Sur le site internet de Life2vec, ses concepteurs anticipent déjà quelques questions d’utilisateurs, comme celle-ci : « Puis-je utiliser Life2Vec pour prédire les résultats de ma propre vie ? Malheureusement non, répondent-ils, le modèle ne peut faire des prédictions que sur la base de séquences qu'il a déjà vues lors de l'entraînement. Étant donné que la démo ne se connecte pas aux données personnelles réelles, elle ne peut pas faire de véritables prédictions. Il montre simplement des exemples de résultats, pas de véritables prévisions. » Autrement dit, si l’envie vous démange de lever le voile sur votre espérance de vie, passez votre chemin. Vous n’aurez accès qu’au destin particulier d’un Danois anonyme… et disparu. Mais qu’importe. Le « Connais-toi, toi-même » cher à Socrate, ne suffit-il pas à accepter l’implacable réalité de notre finitude ?