Décalé pour cause de confinement, la construction d'un cabinet médical a démarré, début juin, à Annezin (Pas-de-Calais). Le projet est entièrement porté par Claire Debarge, pharmacienne dans cette commune située à l'ouest de Béthune, sur ses fonds propres, et à hauteur de 500 000 euros.
Il reste quatre médecins dans cette commune de 6 000 habitants, mais les praticiens des communes voisines, sont proches de la retraite. « On a toujours peu parlé de maison médicale, au moins depuis huit ans, mais on voit des délais d'une semaine pour une otite, chez les généralistes », regrette Claire Debarge. Elle s'était rapprochée des médecins pour imaginer un projet en commun. Elle a dû mettre ses idées en stand-by. La titulaire a rencontré le maire, qui lui a fait part de ses préoccupations concernant l'offre de santé. Un projet de maison de santé pluriprofessionnelle avait été évoqué. Sans suite. Le maire a souhaité, par équité à l'égard de l'autre pharmacie de la commune, ne pas donner suite aux projets de Claire Debarge.
Alors, celle-ci a pensé que « si personne n'y allait »… Elle a donc acheté une maison en face de son officine et a lancé la construction d'un cabinet médical. La maison n'était pas adaptée et a été rasée. Le projet aboutira à une maison d'un seul niveau, de plain-pied, accessible aux personnes à mobilité réduite, de 200 m2, offrant cinq cabinets de 20 à 25 m2 chacun, deux salles d'attente et une salle d'accueil. Les travaux sont prévus pour être achevés à la fin du premier trimestre 2021.
Un environnement attrayant
Il reste à la jeune pharmacienne (38 ans) à convaincre des médecins de s'installer à Annezin. Elle sait que la partie n'est pas gagnée. « Annezin n'est pas dans le bassin minier, mais voisine Béthune qui pâtit d'une connotation négative et d'un déficit de notoriété. La ville est pourtant agréable, avec un cœur historique attrayant, il y a des cinémas, des restaurants classés, nous sommes proches de Lens qui rayonne par le Louvre et par le foot. »
La consœur admet bien que la jeune génération de médecins n'a pas « envie de travailler 60-70 heures par semaine », comme leurs aînés, mais, affirme-t-elle, « la population a besoin de médecins, et il faut remettre le patient au cœur du système médical ».
Claire Debarge développe ses recherches de médecins dans les facultés, par les syndicats d'internes, sur Internet, par ses relations dans le monde médical, par ses patients. Elle a eu quelques contacts, inaboutis. « Les travaux avancent bien, il reste quelques trimestres pour donner envie à des médecins de s'installer ici, dans un secteur très agréable, et pour une patientèle attractive. »