Une année à travailler au soleil, voilà ce qui a motivé Émilie et Matthieu. Le climat angevin, pourtant réputé plein de douceur, l’envie d’évasion et d’exotisme, ont poussé ces deux jeunes pharmaciens à sauter dans l’avion pour découvrir le monde officinal sur l’île de la Réunion.
« Il y a environ 250 pharmacies et une pénurie de pharmaciens. Quiconque peut partir avec sa valise et trouver un boulot dès son arrivée », explique Matthieu. En octobre 2018, le couple s’est installé dans la commune du Tampon, située à 600 mètres d’altitude au sud de l’île, où ils ont apprécié l’ambiance très créole, loin des zones touristiques et des métropolitains. « L’adaptation s’est faite très facilement, raconte Émilie, et le créole est facile à comprendre, même si c’est un peu plus compliqué avec les plus anciens, pas du tout bilingues ! » Quant au travail en pharmacie, l’expérience s’est révélée enrichissante sur tous les plans. « Ce sont des grosses structures avec beaucoup de personnel, dont des caissières, des magasiniers… et des horaires qui suivent le lever et le coucher du soleil », précise Matthieu.
Plus cool
Si la dispensation des médicaments et le conseil officinal ne dévient pas des pratiques métropolitaines, les deux pharmaciens ont remarqué certaines différences. « Les patients sont très consommateurs de santé et acceptent très bien les médicaments génériques », illustre Émilie, avant de poursuivre « ils sont aussi moins exigeants, payent plus facilement qu’en France, bref, ils sont plus cool ! » Les ordonnances en anxiolytiques et antidépresseurs sont d’ailleurs moins fréquentes, contrairement aux prescriptions d’antidiabétiques. « On pourrait presque diviser l’île en deux, d’un côté les diabétiques, de l’autre, les sportifs souhaitant des produits et des conseils de nutrition sportive pour les treks », expose Matthieu.
Autres particularités du travail officinal réunionnais, la vente de plantes endémiques, dont le célèbre bois d’olive noir, régulateur du diabète et antihypertenseur, sans oublier la forte incidence des maladies parasitaires (gale, vers, poux). « On a aussi vécu l’épidémie de dengue, entre février et avril 2019, avec des effets secondaires cutanés assez impressionnants », décrit Matthieu, se souvenant aussi d’innombrables coups de soleil des touristes !
Virée dans l’Océan Indien
Entre travail intense, plages et randonnées pendant 8 mois, Matthieu et Émilie se sont ensuite dirigés vers Mayotte, comptant 24 pharmacies, mais très peu de médecins. « Le travail était plus routinier car on ne dispensait que des antibiotiques ou des antimycosiques, les grosses pathologies étant suivies à la Réunion. » Pendant ces 2 mois de mission, le jeune couple a su profiter des eaux transparentes du lagon mahorais avant de poursuivre leur périple, en tant que vacanciers, aux Seychelles, à Maurice et à Madagascar. « On aurait pu rester plus longtemps, surtout à la Réunion, mais nos familles nous manquaient et nous avions envie de nous installer. »
Depuis leur retour, Émilie et Matthieu ont enchaîné les remplacements, subi le mauvais temps et surtout la crise du Covid-19. « Aux dernières nouvelles, nos collègues réunionnais sont aussi stressés et suivent les mêmes précautions que nous », rapporte Matthieu. Dans ce climat particulier, le jeune couple garde le cap dans leur projet de titularisation, motivé par cette riche année et l’envie de développer les nouvelles missions officinales. Passion et plantes bourbon se retrouveront sûrement dans leur future pharmacie !