Dans le détail, les publicités pour des produits Nutri-Score D et E représentent, en 2018, 53,3 % des publicités alimentaires vues par les enfants et 52,5 % des publicités vues par les adolescents (et 50,8 % des publicités vues par les adultes).
L'étude met aussi en évidence l'agressivité de la stratégie de marketing à l'égard des plus jeunes. La moitié des publicités alimentaires télévisées pour les produits Nutri-Score D et E est diffusée entre 19 heures et 22 heures, soit lors de la tranche horaire où plus de 20 % des enfants et adolescents regardent la télévision. Et où la publicité n'est pas réglementée. Les programmes télévisés jeunesse pour lesquels la publicité l'est, du moins sur les chaînes du service public, représentent moins de 0,5 % des programmes vus par les enfants.
Les industriels concentrent les investissements publicitaires sur la télévision (60 %), média le plus consommé par les 4-12 ans (1 h 28 par jour), et dans une moindre mesure, sur internet (20 %), plébiscité par les ados (1 h 59 par jour). Près de la moitié de ces investissements, de l'ordre de 1,1 milliard d'euros nets en 2018, concerne les produits Nutri-Score D et E.
Plaidoyer pour un encadrement
Santé publique France préconise de mieux encadrer le marketing alimentaire notamment en limitant voire en interdisant la publicité pour les produits de plus faible qualité nutritionnelle, aux heures où le plus grand nombre d'enfants et d'adolescents regardent la télévision ou surfe sur internet.
« Être exposé à la publicité pour des produits gras, sucrés, salés, crée des préférences et augmente la consommation de ce type de produits ; cela augmente également les pressions des enfants exposés sur leurs parents, pour qu’ils en achètent. La publicité a un réel impact sur le comportement alimentaire des enfants et sur les consommations », commente Anne-Juliette Serry, responsable de l’unité nutrition et activité physique à SPF.
Selon l'étude Esteban, menée en 2015, 17 % des enfants français de 6 à 17 ans, dont 4 % sont obèses. Un constat qui pourrait s'aggraver, à en croire les premières études réalisées sur le confinement, révélant une aggravation de la sédentarité des plus jeunes.