L’idée lui est venue lors de ses stages en officine et de ses jobs d’été, à partir de trois observations. Primo, le marché des cosmétiques évolue : les patient(e)s réclament des produits sains et naturels. Secundo, vendre des produits cosmétiques en pharmacie est compliqué : problèmes de stockage, de dates de péremption, avance de trésorerie, gammes à rallonge, concurrence avec les grandes surfaces et avec les confrères… Tertio, les pharmaciens voient leurs marges s’effriter.
Sans attendre la fin de ses études, il décide de lancer - sur ses fonds propres - sa propre gamme en tenant compte de ces trois paramètres et en s’appuyant sur les ressources de sa belle région. « Je savais ce que je voulais : rapprocher nature et cosmétique en misant sur les ressources locales et en produisant à Marseille ou alentour. Pour limiter l’empreinte carbone, mais aussi parce que je préfère travailler avec des petites structures indépendantes et jeunes. Je trouve cela intéressant aussi bien du point écologique qu’économique, résume Olivier Croese. Comme ma famille n’a aucun lien avec la pharmacie, ni d’officine ni industrielle, je me suis débrouillé seul, mais les discussions avec mes maîtres de stage m’ont beaucoup servi. » À l’inverse de nombreuses marques de cosmétiques qui proposent des gammes très larges, il concocte une gamme courte de soins du visage, convenant à presque tout le monde : 3 produits pour femme et 3 pour homme (voir l’encadré). Tous développés et fabriqués en circuit court, selon une charte stricte garantissant entre 98 % et 100 % d’ingrédients naturels issus de l’agriculture biologique.
100 % local
La mise au point de ces 6 produits lui prend deux ans en y travaillant tous les jours. Pour les aspects juridiques, Olivier Croese fait appel à un cabinet d’avocats, pour la formulation et la fabrication à un laboratoire du sud de la France, en s’appuyant sur l’expertise en dermocosmétique du responsable du département de bio-ingénierie de la faculté de pharmacie d’Aix-Marseille (le Pr Philippe Piccerelle). Il définit ensuite l’identité de la marque avec l’aide d’une école marseillaise de marketing et de graphisme et confie le développement du site à une PME d’Aubagne. Le nom de marque est rapidement trouvé : Maison Hélior, forgé à partir d’Hélios, dieu du soleil dans la mythologie grecque, qui évoque la Méditerranée, et du suffixe « or » pour le prestige. Et « Maison » pour revendiquer une fabrication 100 % française au sein d’une petite structure.
Marges confortables
Reste à régler la question des prix… Là aussi, le jeune entrepreneur prend en considération les remarques et conseils des pharmaciens d’officine de façon à leur éviter les contraintes habituelles. « Financièrement parlant, mes produits sont intéressants. Mes prix sont très raisonnables et laissent au pharmacien la possibilité de calculer, à sa convenance, une marge très confortable sans prendre de risques. Pour les conditions de paiement, je ne veux pas fonctionner comme les marques qui demandent un volume minimum de commande, avec renouvellement annuel, frais de port, etc. Je m’adapte aux desiderata », précise Olivier Croese. Comme les produits « Maison Hélior » ont été proposés en novembre dernier, pour le moment seules des pharmacies de sa région les commercialisent, mais il aimerait les diffuser dans toute la France. Il invite donc les pharmaciens intéressés à le contacter*… « Fort de mon expérience, je sais que ça vaut le coup financièrement, moyennant des risques quasi nuls. » Voilà qui est dit.