Pour ce travail, l'équipe a utilisé l'échelle FSAm-NPS (pour food standards agency nutrient profiling system), qui sous-tend le logo en reflétant le profil nutritionnel des aliments à partir de leur composition en énergie, sucres, acides gras saturés, sodium, protéines, fibres et fruits et légumes.
L'équipe de Recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) a étudié la cohorte européenne EPIC (European prospective investigation into cancer and nutrition), soit 501 594 personnes incluses dans l'analyse, issues de 23 centres répartis dans 10 pays, et recrutées entre 1992 et 2000 (et suivies jusqu'en 2015). Plus de 70 % sont des femmes, l'âge médian est de 51,6 ans et la durée médiane de suivi est de 17,2 ans.
Cette cohorte renseigne sur les facteurs métaboliques, nutritionnels, environnementaux et liés aux habitudes de vie, associés au risque de cancer et des autres maladies non transmissibles. C'est notamment à partir des données d'EPIC que la même équipe a mis en évidence, en 2018, un lien entre score FSAm-NPS élevé (relevant une faible qualité nutritionnelle) et le risque de développer un cancer.
Lien avec les cancers et les maladies respiratoires, circulatoires, digestives
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs démontrent que les personnes consommant des aliments affichant le score le plus élevé sur l'échelle FSAm-NPS (à savoir, 5) ont un plus grand risque de mortalité toutes causes confondues - exception faite des causes externes (hazard ratio : 1,07).
Ils observent également une association avec la mortalité par cancer (1,08), et liée aux maladies du système circulatoire (1,04), respiratoire (1,39) et digestif (1,22). Ces résultats étaient significatifs après la prise en compte d’un grand nombre de facteurs sociodémographiques et liés au mode de vie (consommation d'alcool et de tabac, niveau d'éducation, activité sportive…). Les associations étaient même plus fortes chez les patients non obèses et chez les moins actifs.
Au-delà des effets sanitaires délétères d'une mauvaise alimentation, l'étude met en évidence la pertinence du Nutri-Score pour aider les consommateurs à s'orienter dans leurs choix nutritionnels. « Nos résultats, combinés à l’ensemble des autres résultats disponibles sur le sujet (notamment à partir de la cohorte Nutrinet, N.D.L.R.), contribuent à montrer la capacité du score FSAm-NPS et du Nutri-Score à caractériser la qualité nutritionnelle des aliments mais aussi la pertinence de l’utilisation du score FSAm-NPS et du Nutri-Score dans le cadre de politiques de santé publique, dans une optique de prévention des maladies chroniques », soulignent les chercheuses Inserm Mélanie Deschasaux et Mathilde Touvier.
Adopté par la France en 2017, puis par la Belgique, l'Espagne, l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suisse et le Luxembourg, le Nutri-Score n'est pas une obligation pour les industriels, en vertu de la réglementation européenne sur l'étiquetage. Quelque 350 entreprises et marques se sont engagées à l'afficher sur leurs produits. Ses promoteurs espèrent que la stratégie Farm to Fork de la Commission européenne permettra, à l'horizon 2022, une harmonisation des législations et la mise en place d'un seul logo obligatoire.