La retraite ne s’improvise pas
« Une retraite s’anticipe et se prépare tout au long de sa vie professionnelle », explique Monique Durand, présidente de la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP). Au début de la vie professionnelle, difficile de se projeter des décennies plus tard, et pourtant il s’avère judicieux de la préparer sereinement suffisamment tôt, même si l’épargne est modeste. Vous l’ajusterez ensuite durant votre carrière selon votre situation et la conjoncture. Rappelons que la spécificité du régime de retraite des pharmaciens libéraux repose sur un régime de base et un régime complémentaire obligatoire géré pour une partie en répartition et l’autre en capitalisation.
Établir une stratégie et multiplier les sources de revenus
Vous avez des choix à faire et différents éléments entrent en jeu. « Ce qui est important lorsque l’on réfléchit à la retraite, c’est se dire combien me faut-il pour vivre quand je serai à la retraite. Tout le monde n’a pas les mêmes besoins. Certains auront besoin de 2000 euros, d’autres de 3000, 4 000 euros… Nous avons estimé à la CAVP que chaque pharmacien doit avoir un minimum de 2000 euros. »
Devenir propriétaire, souscrire des placements avec des sorties en capitaux ou en rentes, investir dans des assurances vie, acquérir une deuxième officine… Se constituer un patrimoine immobilier et/ou financier est propre à chacun. « il est important d’équilibrer ses sources de revenus », souligne Monique Durand. En effet, la vente de l’officine peut être insuffisante pour assurer des revenus complémentaires, sans compter les titulaires qui ne trouvent pas de repreneurs. « Nous savons qu’un certain nombre de confrères ne vendent pas leurs officines, et donc ce capital n’est pas obligatoire pour tous. Nous avons un devoir de veiller à ce que chaque confrère puisse avoir un minimum vieillesse suffisant. »
En cas de cession, « entre le moment où vous vendez votre officine et celui où vous percevez votre première pension de retraite, il s’écoule du temps, parfois plusieurs mois, d’où l’importance d’anticiper votre trésorerie ». Autre point important à prendre en considération, l’exonération de la plus-value pour les professionnels libéraux soumis à l’impôt sur le revenu. Selon les articles 150-0 ter et 151 septies A du code général des impôts, pour bénéficier de cette exonération relative à la cession de l’officine, le délai entre la vente et l’entrée en jouissance des droits à la retraite ne peut dépasser 24 mois. « C’est très important de mettre en garde nos confrères. Lorsque l’on liquide sa retraite, il faut être sûr de pouvoir vendre dans les deux ans, sinon nous ne pouvons plus bénéficier de l’exonération », rappelle la présidente de la CAVP.
Optimiser avec le rachat de trimestres ou de cotisations
Durant votre activité, vous avez la possibilité de racheter des trimestres seuls ou avec les points correspondants dans le cadre d’années d’affiliation incomplètes ou d’années d’étude, dans le régime de base. Vous pouvez racheter 12 trimestres au maximum. Vous pouvez également racheter des cotisations dans le régime complémentaire par capitalisation. Il est possible de racheter jusqu’à 6 ans de cotisations dans la limite de la durée d’assurance maximale, fixée à 41.75 annuités en 2021. La CAVP vous conseillera et vous aidera dans cette démarche.
Quid de la retraite des collaborateurs ?
Bien préparer la retraite est aussi un enjeu majeur pour vos collaborateurs qui doivent comprendre le système de retraite, calculer le montant de leur pension et prendre ainsi conscience de l’anticipation de l’épargne.
« On peut commencer à préparer sa retraite et la sécuriser dès l’âge de 35 ans, rappelle Caroline Borowski, responsable de service liquidation chez Klesia. À partir de 45 ans, nous proposons des entretiens individuels afin d’effectuer des simulations selon la situation personnelle car chaque retraite est différente. » Les salariés ont ensuite le choix. Par exemple, avec le Plan épargne retraite, le collaborateur verse une somme et l’employeur l’abonde s’il le souhaite, et cette épargne défiscalisée peut être versée sous forme de rente.
Autre option, la retraite progressive qui peut satisfaire employeur et salarié : « Vous arrivez à 60 ans, vous n’avez plus envie de travailler à temps plein, dans ce cas-là, vous pouvez bénéficier de la retraite progressive. Vous travaillez à temps partiel, par exemple à 40 % et vous percevez 60 % de votre retraite », explique Caroline Borowski. Une précision néanmoins, il faut avoir acquis 150 trimestres pour demander un temps partiel et le collaborateur continue à acquérir des points et des trimestres jusqu’à la retraite à taux plein.
Enfin, le cumul emploi retraite peut intéresser les pharmaciens libéraux et salariés qui n’ont pas forcément envie de couper court avec leur métier, une fois la retraite venue. Maintenir un lien social, se sentir utile, aider le repreneur de son officine, sont autant de raisons de garder un pied dans la vie active jusqu’au moment où viendra le déclic pour arrêter et passer à une nouvelle vie.