Alors que la France a mis en place un système de surveillance du variant anglais du coronavirus, les scientifiques s'inquiètent d'une autre mutation qui, elle, pourrait amoindrir l'efficacité des vaccins.
« Le variant anglais représente environ 1 % des tests PCR positifs au Covid-19 en France, avec une dispersion sur tout le territoire », a indiqué le ministre de la Santé, Olivier Véran, selon les résultats d'une enquête menée sur deux jours la semaine passée. « Cette enquête sera renouvelée régulièrement, tous les 7 à 10 jours environ, afin de surveiller s'il y a une croissance de ce variant », a poursuivi le ministre.
Mais si le variant anglais monopolise l'attention des gouvernements, c'est une autre mutation qui inquiète les scientifiques, car elle pourrait nuire à l’efficacité des vaccins. Appelée E484K, cette mutation est portée par des variants qui ont émergé en Afrique du Sud et, plus récemment, au Brésil et au Japon. Elle n’est pas présente sur le variant anglais qui lui, porte la mutation N501Y.
N501Y est suspectée de rendre ces variants plus contagieux, mais n’affecte pas l’efficacité des vaccins. Ce n’est pas le cas de la mutation E484K : des tests en laboratoire ont montré qu'elle semblait capable de diminuer la reconnaissance du virus par les anticorps, et donc sa neutralisation. « À ce titre, elle peut aider le virus à contourner la protection immunitaire conférée par une infection antérieure ou par la vaccination », soutient le Pr François Balloux, de l'University College de Londres. Pour autant, rien n'indique aujourd’hui qu'E484K suffise à rendre des variants résistants aux vaccins actuels, tempèrent les scientifiques : s’il s'avère que cette cible-là est moins bien reconnue par les anticorps, d'autres composants des variants resteront en principe à leur portée. « À ce stade, les vaccins devraient tous rester efficaces. Mais ce qui nous inquiète, c'est la perspective de futures mutations qui s'ajouteraient à celles qu'on observe déjà », redoute Ravi Gupta, professeur de microbiologie à l'université de Cambridge, qui appelle donc à « vacciner le plus vite possible partout dans le monde ».
Des mutations multiples ont déjà été observées in vitro dans une étude rendue publique le 28 décembre. Cette étude, dont l’objectif était d’observer en laboratoire l'émergence d'un variant, a mis pendant plusieurs semaines le virus en présence du plasma d'un patient guéri du Covid. Après moins de trois mois, un variant résistant aux anticorps est apparu. Il était porteur de trois mutations, dont E484K. « Il faut donc développer des vaccins et des anticorps capables de contrôler des variants émergents », conclut l’étude. Ce qui semble heureusement réalisable : face à l'émergence de nouveaux variants, plusieurs laboratoires ont assuré qu'ils étaient capables de fournir rapidement de nouvelles versions de leur vaccin si besoin était.
Avec l'AFP.
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