Preuve que les connaissances sur le Covid-19 sont parcellaires et évolutives, le discours autour des fumeurs comme population à risques n’est plus aussi catégorique. Néanmoins, les tabacologues et addictologues sont formels. Les fumeurs sont plus fragiles face à tout virus respiratoire puisque la tabagie altère les défenses immunitaires, réduit la capacité pulmonaire, irrite les voies respiratoires et peut provoquer des pathologies graves de type cancer ou BPCO. L’entrée du virus dans l’organisme est, de plus, facilitée par la gestuelle du fumeur. Et celui-ci serait en sus un contaminateur majeur lorsqu’il est porteur du virus parce qu’il tousse plus fréquemment et que le nuage exhalé en fumant peut transporter le virus à distance…
Ce tableau peu réjouissant a trouvé un écho partiel fin février, lorsqu’une étude chinoise sur plus de 1 000 patients Covid-19 a confirmé que les fumeurs étaient plus nombreux à développer une forme sévère de la maladie. En France, l’Alliance contre le tabac s’est alarmée des résultats publiés dans le « New England Journal of Medicine » (NEJM), à savoir un risque augmenté de 50 % pour les fumeurs de présenter une forme sévère de Covid-19, et de 133 % de développer une forme très sévère nécessitant une ventilation assistée, un passage en réanimation, voire menant au décès. Cependant, des chercheurs ont émis une réserve en soulignant le faible nombre de fumeurs dans l’ensemble des patients inclus dans l’étude au regard de leur proportion dans la population chinoise : 137 fumeurs parmi les 1 085 patients inclus et 29 fumeurs parmi les 172 cas sévères de Covid-19.
Pas en automédication !
Une remarque qui reviendra par la suite, non comme une critique mais comme un constat, dans la littérature scientifique et chez les médecins français, à l’instar de Jean-François Delfraissy, président du comité scientifique Covid-19. Le 20 avril, les résultats en prépublication d’une étude observationnelle française sur 500 malades confirmés (dont 350 hospitalisés) soulignaient à nouveau la faible proportion de fumeurs : 5 %, soit 80 % de moins que dans la population générale de même sexe et de même âge. « L'hypothèse est que la nicotine en se fixant sur le récepteur cellulaire utilisé par le coronavirus l'empêche ou le retient de s'y fixer », indique le Pr Jean-Pierre Changeux, neurobiologiste spécialiste des récepteurs nicotiniques.
Pour en avoir le cœur net, des patchs nicotiniques vont être administrés à des dosages différents dans trois essais : en préventif à des soignants et en thérapeutique à des malades hospitalisés d’une part et à des cas graves en réanimation d’autre part. Attention, rappelle le ministre de la Santé Olivier Véran, « le tabac tue ! Il fait plus de 70 000 morts par an bien réels en France. Un non-fumeur qui utiliserait un patch à la nicotine le sentirait passer : vomissements, étourdissements, malaises. La nicotine est une piste de recherche intéressante, ce n’est certainement pas un traitement d’automédication ou une voie d’entrée dans la consommation de cigarettes ». De son côté, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) prévient les confrères : « Des mesures vont être prises par le ministère de la Santé pour éviter les dispensations abusives et hors AMM de médicaments destinés au seul sevrage tabagique. Soyez attentifs avec votre équipe aux demandes atypiques. »
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