L’humanité a été façonnée par ses contacts avec les microbes. Ces rencontres, qui ont ravagé les populations, sont inscrites dans notre patrimoine génétique. « L’émergence des pandémies est due à trois facteurs : il faut un agent infectieux, avec des propriétés de virulence, de transmissibilité, de survie dans l’environnement et la présence le plus souvent de réservoirs animaux ; il faut un hôte en tenant compte de la densité démographique, de la sensibilité individuelle génétique, de l’immunité collective et des facteurs comme la comorbidité, la malnutrition et les conditions sanitaires ; et il faut un environnement (climat, saisons, pollution). Mais le plus important c’est le comportement humain : promiscuité, mobilité, migrations, guerres », explique Patrick Berche. De fait, c’est surtout à partir de la Renaissance que tous ces facteurs sont réunis et déclenchent les premières épidémies.
Deux types de pandémies infectieuses peuvent intervenir. Celles à évolution rapide et à incubation courte comme pour le Covid-19, mais aussi la peste, la variole, le choléra, la rougeole, le SRAS et la grippe. Et celles à évolution lente et à incubation longue comme la tuberculose, la lèpre, la syphilis, le sida et les hépatites. Souvent prise en exemple pour démontrer l’importance de la vaccination, la variole, désormais éradiquée, entraînait une mortalité comprise entre 25 et 45 % des personnes infectées (versus 0,6 % dans le Covid-19), sans compter des cicatrices importantes chez les survivants. Si l’éradication du Covid semble peu probable, l’intérêt des vaccins, dont les premiers ont vu le jour moins d’un an après que le virus a été isolé, est tout aussi fort.
Un monde à risques
Mais quel que soit le regard porté à l’histoire des pandémies, le constat est immuable : nous vivons dans « un monde à risques » en raison de la croissance démographique (population mondiale de 8 milliards d’individus), de la forte urbanisation avec la multiplication des mégalopoles sur tous les continents, et de l’explosion des transports aériens qui participe à la dissémination des maladies. D’autant que s’y ajoutent les « pandémies silencieuses » de maladies non infectieuses, résultant de « facteurs nutritionnels, toxiques, socio-économiques », telles que le diabète de type 2, le surpoids et l’obésité, et qui sont des facteurs de risques pour d’autres pathologies comme le Covid-19.
« Aucune maladie n’est indépendante », insiste Patrick Berche, en expliquant le concept de la syndémie introduit par l’anthropologue Merrill Singer. « Il s’agit d’une combinaison de maladies interagissant en synergie avec des facteurs biologiques et environnementaux, aggravant les conséquences de la pandémie sur une population. La pandémie de Covid-19 se superpose à d’autres pandémies infectieuses comme le sida, le paludisme et la tuberculose, et à d’autres pandémies chroniques silencieuses comme le diabète, l’obésité, les maladies cardiaques, les cancers, la bronchite pulmonaire chronique obstructive (BPCO)… » La question sous-jacente est vaste puisqu’elle vise à interroger la contribution des inégalités sociales, donc des décisions de politique publique et des conditions socio-économiques, dans le regroupement de maladies chez les plus vulnérables.
L’approche syndémique tient compte non seulement de l’environnement physique (climat, pollution) et de l’état de santé des populations (comorbidités, état nutritionnel, facteurs génétiques), mais aussi du contexte culturel et donc du comportement (mentalité, croyances, peurs, mode de vie). « L’approche causale actuelle des pandémies est très utile pour combattre la maladie, de façon à identifier le virus, développer les tests diagnostiques, les vaccins et les traitements curatifs, mais elle n’est pas suffisante », ajoute Patrick Berche. À ses yeux, seule l’approche syndémique permet de se préparer à de futures pandémies, en incitant les gouvernements à aller bien plus loin que la simple constitution de stocks et la mise en place de plans d’urgence prêts à être déclenchés. En effet, mieux vaut identifier et éliminer en amont les conditions qui rendent certains groupes plus vulnérables en situation de crise, ce qui relève généralement de choix politiques et pas seulement dans le domaine de la santé publique.
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